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ces régions. Dès le 15 août, Sansané était prise, alors qu’un groupe anglais venu de Sumbadka n’y arrivait que le 18. Sokodé se trouvait occupé le 25 août, trois jours avant que le même groupe anglais y parvint. Au total, ces opérations avaient mis en action 115 tirailleurs, 3 sous-officiers, 2 officiers de troupes régulières, 115 cavaliers de troupes auxiliaires et 400 partisans.

Quel était le plan d’action de l’offensive contre le Nord du Togo ?

Il fallait, d’abord et dans tous les cas, envahir le pays par le plus grand nombre de directions possible de manière qu’il y eût concordance avec l’action alliée sur le littoral et qu’on donnât à l’ennemi l’impression qu’il était débordé. Ensuite et selon le cas, s’il n’y avait pas de résistance, prendre avec rapidité possession de chaque poste.

Le 5 août, le capitaine Bouchez était parti à la mobilisation de Dori sur Kati ; touché par l’ordre de mouvement le 13 août à dix-huit heures à Baraboulé, entre Djibo et Bandiagara, à 700 kilomètres au Nord-Ouest de Sansané-Mungo, il coupa seul vers le Togo et rejoignit la brigade, le 25 au matin, au premier village allemand, à 100 kilomètres de Sansané. En sept jours, il avait traversé les 300 kilomètres d’inondation du Yatanga, passé une demi-journée à Ouagadougou pour divers soins d’organisation de la colonne et effectué en trois jours et demi les 300 derniers kilomètres qui le séparaient de la frontière. Pendant ce temps, les Allemands, sans avoir attendu le choc et refusant de combattre, étaient en pleine retraite vers le Sud.

Le 9 août, un premier détachement, composé de tous les Allemands de Sansané et 180 soldats indigènes, avait évacué ce poste, emportant tout ce qu’il pouvait. Les Français, ce qui prouve la fuite précipitée des Allemands, trouvèrent ce poste dans l’état habituel de sa vie courante avec ses archives, ses cartes et même un pavillon (non hissé).

Le 15 août, les postes de Bassari et de Sokodé étaient également évacués.

Cette retraite détruisit tout le prestige allemand chez la population indigène déjà médiocrement disposée envers une autorité extrêmement dure. Ce fut en vain que nos ennemis répandirent en partant le bruit de leur retour prochain et qu’ils cherchèrent par des cadeaux ou des avances de solde à s’assurer la fidélité des indigènes. L’incrédulité resta complète. La