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JEUNE FILLE

DERNIERE PARTIE (2)

XXXVIII

La pauvre miss Bonbon, dans l’animation surchauffée de la librairie anglaise où l’on goùle, m’attendait patiemment, ingurgitant buns sur muffins et cakes sur toasts. Quand j’arrivai, elle délayait avec de l’eau bouillante le résidu noirâtre qui restait encore dans la théière.

— Vous n’allez pas boire cette décoction, dis-je avant toute chose.

— Pourquoi? interrogea-t-elle avec cet air de résignation pointue et de douceur râpeuse qui la caractérise et dissimule sa bonté vraie.

— Parce que je vais vous commander un autre thé ; voyez-vous, ma chère et vénérée Bonbon, il ne faut avaler les breuvages jusqu’à la lie que lorsqu’on ne peut pas faire autrement... J’espère que vous vous èlcs bien amusée, chère miss; quant à moi, je suis lasse à mourir.

— Je ne vous demande même pas pourquoi vous avez jugé bon de me fausser compagnie, susurra miss Bonbon à voix basse; j’ai en vous une conliance extrême; mais je vous trouve, depuis quelque temps, changée et triste... et ce soir...

— Ce soir?

(1) Copyright bij Gérard d’Houville, 1915. (2) Voyez la Revue des 15 septembre, 1" et 15 octobre et 1" novembre.