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étions tenues sur nos gardes, de crainte que Napoléon ne nous fît des farces. Le petit prince de Salm est ici pour tout le temps des vacances…

Lundi 11 avril.

Le jeudi matin, à huit heures, on est venu me dire que les voyageurs arrivaient. Je les ai trouvés qui entraient chez la Reine. J’ai été attendre la Princesse chez elle, tout en causant avec Mme de Reding qui chantait les louanges de sa princesse. Après le déjeuner, nous avons tous été à Eugensberg, dont le Roi était fort engoué. Il parlait de l’acheter, mais ses enfans l’en ont bientôt dégoûté : ils n’aiment ni la campagne, ni la belle nature, ni le pittoresque, et n’ont fait, tout le temps, que déprécier tout ce qu’on leur montrait. Mon Prince avait l’air sérieux, ennuyé et peu empressé. La Reine est venue nous rejoindre avec les voitures qui nous ont ramenés.

La princesse Mathilde est une délicieuse créature. Lorsque je suis arrivée pour le dîner, j’ai trouvé son père la grondant de ce qu’elle était trop décolletée. Il avait raison, c’était trop de nu. Mais tout ce qu’elle montrait était si joli qu’il y avait plaisir à regarder. Aussi le Prince en était tout émoustillé et la dévorait des yeux. Chez lui, la chair est faible. Le matin, il était sérieux, froid, peu empressé, et, le soir, les jolies épaules le ranimaient, et il est tout empressé. Mais Elisa trouve que ce n’est pas là son entrain pour Mlle Louise dont il était fou…

Mercredi 13 avril.

Vendredi, nous avons été à Constance. Notre Prince, qui s’était fait mal à la cuisse en faisant sauter un fossé à son cheval, était dans la voiture de sa mère. Elisa m’a conté que la Reine lui avait dit : « Le roi de Wurtemberg a chargé Mathilde de choses très gracieuses pour toi, Louis, il te fait dire qu’il aurait beaucoup de plaisir à te recevoir à Friedrichshafen. » Est-ce que l’oncle roi aurait aussi des idées de mariage ? Les princes Louis et Jérôme ne sont pas revenus avec tout le monde. Ils sont restés à Constance pour aller au spectacle. Ils s’en sont fort amusés, le dernier avait trouvé toutes les femmes jolies ; ils avaient reconduit Amélie et Henriette chez elles. La Reine m’avait fait appeler, le matin, pour écrire à Baulte, en lui envoyant son diadème de turquoises ; elle n’est occupée qu’à