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REVUES ÉTRANGÈRES

LA « GERMANISATION » D’UNE GRANDE CITÉ BELGE


The German Mole, a Study of the Art of « Peaceful Penetration, » par J. Claes, un vol. in-18, Londres, librairie G. Bell, 1915. — A Woman’s Experiences in the great War, par Mme Louise Creed, un vol. 8°, Londres, librairie Fisher Unwin, 1915.


Une femme de lettres australienne, Mme Louise Creed, vient de nous raconter, parmi d’autres souvenirs des premiers mois de la guerre, l’émouvante visite qu’elle a eu l’occasion de faire, l’automne dernier, à la petite ville belge d’Aerschot, pendant les quelques jours qui ont suivi l’évacuation momentanée de cette ville par les troupes allemandes. « J’avais toujours conservé jusque là, nous dit-elle, la pensée que les Allemands n’étaient pas aussi noirs qu’on me les représentait. Je m’étais accoutumée à concevoir leur race comme enveloppée d’une atmosphère de beauté morale et de poésie, parce que c’était la race de Beethoven et de Goethe. Mais après ce que j’ai vu à Aerschot, le respect même que je continue d’éprouver pour l’immortel génie de ces grands hommes ne saurait plus m’empêcher de reconnaître et de proclamer la vérité au sujet des Allemands. J’ai pu m’obstiner à douter des témoignages les plus dignes de foi : mais le moyen de ne pas croire à ce que m’ont révélé mes propres yeux ? »

Sous une pluie battante, tout l’après-midi de ce jour de septembre, Mme Creed s’est promenée à travers le squelette d’une ville qui « n’existait absolument plus, » d’une ville qu’elle aurait été tentée de prendre pour « une sœur d’infortune d’Herculanum et de Pompéi. » De rue en rue, à l’infini, une dévastation lamentable et tragique, au milieu de laquelle, immanquablement, des centaines de bouteilles