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EN CANTONNEMENT

UN DEUXIÈME CHAPITRE
DE L’HISTOIRE DES FUSILIERS MARINS[1]




I. — LA NUIT DU 10 NOVEMBRE

Pouvions-nous conserver Dixmude ? Le commandement ne s’était-il pas trop hâté de couper les ponts, et l’entrée en ligne de nouvelles forces n’aurait-elle pas fait changer de camp à la fortune[2] ?

La ville était tombée, mais le secteur Nord de la défense s’était ressaisi, et toute contre-offensive vigoureuse qui fût partie du Haut-Pont l’eût trouvé prêt à l’appuyer. Il semble bien que le commandement ait connu trop tard la situation exacte de ce secteur, auquel il n’était pas relié téléphoniquement et qui n’avait pu faire parvenir jusqu’à lui un seul de ses hommes de communication[3] : la colonne allemande qui s’y était introduite par le pont romain, en capturant sur sa route l’ambulance du docteur Guillet et en démolissant la réserve du commandant Rabot, avait été enfoncée presque aussitôt par la colonne d’Albia, les abords du canal nettoyés, les

  1. Copyright by Plon, 1915.
  2. Il est certain que toutes les compagnies disponibles ne donnèrent pas le 10 novembre. La 6e entre autres, resta l’arme au pied, ce qui a fait dire : « Si on l’avait fait contre-attaquer ce jour-là, en même temps que la 7e (Gamas), les Allemands ne seraient peut-être pas restés longtemps à Dixmude. » Mais l’entreprise était bien risquée. Et avec quoi nous fussions-nous opposés au passage des Allemands sur la rive gauche, si elle avait échoué ?
  3. « Aucun messager n’est revenu, sauf mon fourrier Le Quintrel, qui n’a pu atteindre l’Yser, mais, avec sa chance coutumière, m’a rejoint à la nuit en traversant, le long des fossés, les lignes allemandes. » (Journal du lieutenant de v. C…)