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LA CRISE DES SUBSISTANCES
SOUS
LA RÉVOLUTION

Le Parlement vient de voter une loi qui comporte à la fois le droit de réquisition, et de taxation des blés, sans compter, en fait, le monopole de l’importation. Les représentans de la nation sont même allés plus loin, ils ont décidé que l’on taxerait les farines pour pouvoir taxer le pain, — et que l’on obligerait les meuniers à fabriquer désormais un seul type de mouture parce que tous les Français devraient consommer le même pain quotidien vendu partout au même prix.

La taxation et la réquisition ont pour objet clairement désigné et visé de lutter contre la cherté en imposant un prix raisonnable aux producteurs trop avides et surtout aux commerçans coalisés qui spéculent, — soi-disant, — sur la misère publique et tirent un profit scandaleux de la rareté des grains. Le monopole de l’importation doit mettre un frein à l’agiotage en prévenant les manœuvres des spéculateurs sans scrupules.

La taxation des farines limite ces profits excessifs des meuniers, et celle du pain contraint les boulangers à réduire les bénéfices qu’ils prélèveraient, sans cela, comme un tribut, sur la consommation du pauvre. L’obligation imposée à tous de manger le même pain n’est qu’un sacrifice léger dont le riche insouciant et égoïste n’a pas le droit de se plaindre, car le pain national plus grossier, mais aussi nourrissant, permettra de réaliser des économies, de ménager nos ressources et de ne pas faire sortir notre or. D’ailleurs, le pain, cet aliment essentiel,