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Le gouvernement aurait tout dirigé, tout déterminé ; il aurait été le seul commerçant, le seul agriculteur, le seul manufacturier ; il aurait fixé tous les jours le prix du travail de chacun, assigné sa tâche et son salaire. Ainsi, concentrant toutes les richesses, dirigeant tous les travaux, il aurait tenu tout dans sa main et exercé une tyrannie absolument inconnue sur la terre. C’était à ce plan que s’adaptaient l’anéantissement de toutes les fortunes par l’assassinat de tous les hommes riches, le renversement de toutes les villes de commerce, de tous les ateliers, de tous les comptoirs, la destruction complète de l’industrie, et cette disette factice que vous avez tant de peine à combattre encore aujourd’hui. »

Cependant, après le, 9 thermidor, une-réaction se produit. « La crainte, disait Giraud, a cessé de fermer la bouche à la vérité. »

Sans doute, les lois de maximum ne sont pas immédiatement abolies, et l’on ne renonce pas au système des inventaires ou des réquisitions, mais les opinions changent, la Convention se rend compte du mal qu’elle a fait, elle accepte les critiques, et bientôt elle va publiquement reconnaître ses erreurs.


L’ABOLITION DES LOIS DE MAXIMUM. LA CONVENTION APPRECIE SON ŒUVRE

Le 14 brumaire an III, un décret prescrit aux Comités des finances et de salut public de rédiger un rapport sur « les inconvéniens du maximum et les moyens d’y porter remède. » Ce titre seul indique clairement que la Convention reconnaissait déjà la stérilité ou les dangers des lois qui avaient prétendu fixer les prix.

Dans la séance du 19 frimaire, le Comité du commerce entend la lecture d’un rapport de Giraud sur cette question. Ce travail est un véritable réquisitoire dans lequel le rapporteur dénonce les dangers du maximum et attaque hardiment le système de l’intervention de l’Etat. Pour ménager les susceptibilités de ses collègues, il impute aux ennemis de la République le crime d’avoir trompé l’Assemblée et d’avoir entraîné ses votes. « Alors, dit-il, d’astucieux personnages insinuèrent dans l’esprit du peuple qu’un remède à la disette était de fixer le prix des denrées. Ils sentaient bien, ceux qui vous le faisaient