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demander à votre banc, que c’était le moyen d’accélérer la chute d’une République qui s’élevait avec majesté au-dessus des nations. Par-là ils tuaient l’agriculture, ils étouffaient le commerce, ils anéantissaient toute espèce d’industrie, ils ruinaient le marchand détaillant, et opéraient une telle pénurie qu’ils entraînaient le peuple… »

Giraud n’est pas moins sévère à l’égard des décrets relatifs aux accaparemens, aux réquisitions, aux achats faits par l’Etat « qui pouvait seul vendre au maximum une denrée achetée trois fois plus. » Il insiste spécialement sur le mal fait à l’agriculture accablée, à la fois, par la réduction du prix de ses denrées et par les réquisitions.

« Vous avez vu, dit-il, l’influence de ces réquisitions sur le commerce et les manufactures ; cette influence est encore plus meurtrière sur l’agriculture. C’est dans cette partie que les abus font trembler l’ami de son pays par les suites funestes qu’ils peuvent avoir. On se plaint du non-approvisionnement des marchés, mais pouvait-on porter une denrée que chaque district, chaque canton, chaque municipalité mettait en réquisition ?… Ces récits de la plus exacte vérité sont effrayans par leurs résultats : Vous les exposer, c’est être sûr que vous y apporterez le remède ; il est entre vos mains. — Rapportez la loi du maximum. Si vous la laissez subsister, bientôt une partie des terres restera sans culture… »

Enfin Giraud se prononce sur la moralité d’une loi que tout le monde cherche à violer pour être utile aux citoyens qu’elle devait soi-disant protéger.

« Le Comité, dit-il, abandonne à vos réflexions ce fait : cette loi est impunément transgressée partout ; cette loi établit une opposition entre la volonté du gouvernement et l’intérêt de la majeure partie des citoyens. Enfin elle a toujours transformé le cultivateur en contrebandier. Par cela même elle est jugée ! »

Johannot par le bientôt au nom du Comité de salut public et il lit à la Convention un rapport dans lequel il accuse la loi de maximum et tous les décrets contre les commerçans d’avoir créé la disette. Il montre qu’en se mettant à la place des négocians, et dès lors en détruisant l’industrie des particuliers, le gouvernement a détruit ses propres richesses.

« Depuis longtemps, ajoute-t-il, l’opinion réprouve le