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concurrence, qui, en temps de paix, peut à la rigueur suffire pour résoudre les problèmes économiques, sera manifestement dans l’impuissance, surtout pour le blé, de faire face à la situation… »

La Convention a réfuté d’avance cet argument quand elle a dit, en s’adressant au peuple français :

« Une disette absolue eût été la suite nécessaire de cette loi, si la Convention, en la rapportant, n’eût brisé les chaînes de l’industrie.

« C’est à l’industrie dégagée d’entraves, c’est au commerce à multiplier nos richesses.

« Les approvisionnemens de la République sont confiés à la concurrence et à la liberté, seules bases du commerce et de l’agriculture. »

Et c’est encore un conventionnel, instruit par la pratique des affaires publiques, qui disait à l’Assemblée, sans trouver de contradicteurs :

« La vérité est que votre gouvernement ne peut suppléer, par ses opérations commerciales, à celles que l’intérêt particulier peut inspirer à tous les négocians. Il ne peut vous procurer ce qui vous manque, pas même en faisant de grands sacrifices, pas- même en établissant beaucoup d’agences… On ne trouvera jamais dans une seule commission le vrai mérite du commerce, l’intérêt personnel, et, sans cela, rien ne peut se faire…

« Il est un principe que nous avons appris malheureusement à connaître à nos dépens : c’est que, si le gouvernement se mêle du commerce, il l’anéantit. »

C’est là une conclusion, et c’est en même temps un enseignement.


D. ZOLLA.