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douanes, compris dans la partie remise à l’Angleterre, sont la source principale des revenus du pays. Aussi, en ce moment même, entre les départemens des Affaires étrangères respectifs est instituée une discussion, tout amicale d’ailleurs, pour déterminer la part de chacun dans ces trois exploitations ferrée, douanière et maritime.

Lorsqu’il s’est agi du Cameroun, la France a exprimé le désir qu’un autre modus vivendi fût appliqué ; ce qui fut fait. Tandis qu’au Togo le principe de la séparation était admis, au Cameroun, au contraire, on appliqua un condominium absolu. Seules font exception, vu l’immensité du territoire, les parties immédiatement voisines de la Nigerie anglaise, confiées à l’autorité britannique, et les régions limitrophes du Congo remises aux soins de l’administration française. Quant au reste du Cameroun, c’est-à-dire l’essentiel, des fonctionnaires coloniaux ont quitté Paris pour aller représenter la France dans l’administration commune établie dans ces régions au fur et à mesure de leur conquête. Bientôt, la saison des pluies étant passée, nos vaillans soldats auront terminé leur œuvre.

En ce qui concerne la destination future de l’Empire colonial allemand, rien de ce qui est admis momentanément pour son administration par les Alliés ne doit faire préjuger des décisions finales. Ici, point de beati possidentes. Il importe peu de savoir si au Togo, au Cameroun, ou ailleurs, le nombre des hommes engagés de part et d’autre par les Alliés aura été plus grand pour les Anglais que pour les Français, ou réciproquement ; seul comptera le rôle de chacun dans le conflit tout entier en Europe et hors d’Europe.

Voilà donc l’Allemagne repoussée loin du but qu’elle poursuivait dans son impérialisme colonial, à savoir son approvisionnement en matières brutes et la vente de ses produits sans subir de tarifs différentiels. Cependant, si elle eût modéré ses appétits, n’était-on pas à la veille d’arrangemens amiables qui eussent satisfait son désir d’expansion ? L’Angleterre, en effet, n’a rien fait pour empêcher l’établissement des Allemands en tiers dans le Nord-Est de la Nouvelle-Guinée et dans différens archipels du Pacifique. Elle leur a cédé sa colonie de la baie d’Ambas, fondée sur la côte du Cameroun, ne se réservant que la baie de Walfisch et les iles à guano sur la côte de l’Afrique Sud-occidentale. Vers 1890, elle leur a facilité l’acquisition d’un