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total des obligations de la Défense nationale souscrites s’élevait au commencement de novembre 1915 à 3 659 millions de francs.

La quatrième ressource à laquelle s’est alimentée notre trésorerie de guerre est l’emprunt aux États-Unis. Conjointement avec l’Angleterre, nous avons émis à New-York un emprunt de 500 millions de dollars, dont la conclusion, au mois de septembre 1915, a marqué les bonnes dispositions de l’Amérique à l’égard des Alliés et la confiance que les banquiers américains ont dans la signature de la France et de la Grande-Bretagne. Cette somme représente environ 2 600 millions de francs au change normal de 5 fr. 18 par dollar, et près de 3 milliards au change d’aujourd’hui qui donne au dollar une valeur d’à peu près 6 francs. Les obligations, qui rapportent intérêt au taux de 5 pour 100, sont remboursables dans cinq ans, ou bien convertibles, à cette échéance, si les porteurs en font la demande, en titres 4 1/2 pour 100, remboursables au plus tôt en quinze et au plus tard en vingt-cinq ans comptés à partir de 1915 : intérêt et capital sont garantis conjointement et solidairement par la France et l’Angleterre. Les titres ont été cédés à 96 à un syndicat de banques américaines, qui les ont elles-mêmes offerts en souscription publique à 98. Le taux d’intérêt, en tenant compte du remboursement dans cinq ans, est de 5,46 pour 100 pour le public, et de 5,94 pour les emprunteurs, à cause de l’écart de 2 pour 100 qui sépare les cours de cession aux banquiers et de vente par ceux-ci aux rentiers. Mais si l’on admet, ce qui n’a rien d’improbable, que les porteurs américains demanderont en 1920 la conversion de leurs titres en un fonds 4 1/2, qui aura alors une durée minimum de dix ans et maximum de vingt ans, on trouve que le taux d’intérêt effectif n’est plus que de 5,14 dans la première hypothèse et d’un peu moins de 5 pour 100 dans la seconde.

Etant donné que jusqu’ici les Américains étaient peu familiers avec les emprunts étrangers, que des occasions de placer leur argent à des conditions avantageuses leur sont quotidiennement offertes dans leur propre pays, qu’il était urgent d’arrêter la hausse menaçante du change sur New-York, à Paris et à Londres, on doit considérer que cette opération n’a pas été désavantageuse.