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la politique du consortium qu’un minimum de concours.

La situation intérieure de ce vaste pays, qui contient pourtant tant de richesses en puissance, subit toujours les effets de l’avortement de la politique initiale du consortium ; aucune des espérances fondées sur la réorganisation administrative et politique de la Chine ne s’est réalisée, et les intérêts engagés dans ce pays sont encore en souffrance.

La question de défendre ces intérêts reste entière, et c’est là un des principaux facteurs du problème actuel à résoudre. L’Europe et l’Amérique ont prêté des sommes importantes à la Chine, peuvent-elles laisser ce pays se décomposer dans une corruption administrative et politique qui appellerait fatalement une domination étrangère et réveillerait ainsi la dangereuse question du partage et les rivalités ?

Que la situation actuelle de la Chine soit aujourd’hui la même qu’elle était avant la Révolution et, à certains égards, plus mauvaise, cela ne fait point de doute, des faits nombreux sont là pour le démontrer.

Lorsque Yuen Chekai eut réussi, après s’être efforcé de paralyser l’organisation d’une république viable, à détruire par un coup d’Etat les bases de l’édifice déjà posées, ce mandarin d’ancien régime revint immédiatement par une pente naturelle au système gouvernemental et administratif de toute sa vie : un pouvoir absolu qui, régnant avec des moyens de coercition insuffisans, est obligé pour se maintenir d’acheter continuellement, pour les attacher à la personne du chef, ses subordonnés en leur donnant licence de s’enrichir aux dépens de la chose publique ou en les pensionnant directement.

C’était là le système de gouvernement de l’Empire, système résultant à la fois de la situation géographique du pays immense et sans moyens rapides de communication, de son développement historique particulier et de son régime économique et social. Dans ce pays, grand comme l’Europe, et dont la société en est encore à une sorte de patriarcat familial et à l’industrie domestique ; dans cette Chine qui n’est pas, au sens où nous l’entendons en Occident, un Etat, une nation, mais une poussière de millions de petites républiques familiales, toute centralisation imposée d’en haut était, en effet, impossible. Or, sans centralisation, pas de pouvoir absolu effectif. C’est pour cela que l’empereur de Chine n’était guère qu’un pontife, un