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représentés par le parcours de Mustapha-Pacha (près Andrinople) à Bellova, sur la ligne principale, et l’embranchement de Yamboli. Pour désintéresser le gouvernement turc et la Compagnie des Orientaux, ainsi expropriés, la Bulgarie avait besoin d’argent : la complaisance des Russes lui en fournit. Sans doute, les conseillers du Tsar pensaient-ils alors réussir une brillante affaire, en facilitant la substitution d’intérêts bulgares à des intérêts autrichiens. Les Russes n’ont pas été les seuls à ignorer longtemps que c’étaient là seulement deux aspects des intérêts allemands.

En 1912-1913, les défaites de la Turquie se traduisirent, pour la Serbie et pour la Grèce, par de notables agrandissemens territoriaux ; accrue du sandjak de Novibazar et de toute la haute Macédoine (Uskub, Ichtip, Monastir), la Serbie suivit l’exemple bulgare de 1908, et saisit, sans attendre la paix, l’administration des chemins de fer de ses nouveaux territoires ; les Orientaux perdirent de ce chef encore 300 kilomètres, sur la ligne principale de Salonique à Nich (depuis la station de Guevguéli, désormais frontière serbo-grecque), et l’embranchement d’Uskub à Mitrovitsa. Cette annexion ouvrait évidemment des droits aux expropriés ; le gouvernement serbe ne l’a jamais nié. Mais la conférence financière de Paris, chargée d’apurer la complexe liquidation de ces comptes balkaniques, n’avait pas encore réglé ce litige, lorsque la Serbie devint, pour l’Autriche et l’Allemagne, le prétexte de la guerre européenne. La question des Chemins de fer Orientaux, en ce qui concerne la Serbie, prendra donc rang, lors des discussions de la paix, à côté de beaucoup d’autres ; la dette serbe, contractée à ce titre, figurera sans doute, pour due compensation, en face de créances autrement lourdes.

Au début de la guerre actuelle, la Compagnie des Orientaux n’exploitait donc plus que la section Salonique-Guevguéli (territoire grec) et les lignes de Constantinople à Dédéagatch et à la frontière bulgare. Une récente convention lui a imposé un nouveau sacrifice : devenus alliés des Turcs, les Bulgares ont obtenu de ceux-ci qu’ils leur livreraient la totalité de la ligne qui relie à Dédéagatch les environs de Mustapha-Pacha, frontière bulgaro-turque avant la guerre. Dédéagatch est port bulgare depuis 1912, mais l’accès n’en était possible de l’intérieur que par la voie ferrée longeant la Maritsa et passant à