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Breslau, appuyés de trois sous-marins, ont débarqué des troupes et des munitions à Varna. »

Il y a cependant une marine russe, et fort puissante, dans la Mer-Noire ; cette marine a, outre ses cuirassés, des mines et des sous-marins. Mais nos adversaires ne sont pas gens à s’embarrasser de tant de difficultés. Nous-mêmes (il est vrai avec les Anglais, qui n’ont pas la même mentalité que nous, heureusement ! à l’égard des grands débarquemens) n’avons-nous pas parfaitement opéré aux Dardanelles des descentes de vive force dans les conditions les plus délicates ? C’est même à peu près les seuls succès sérieux que nous ayons obtenus dans cette expédition si déplorablement conduite. Ces succès, on les a donc oubliés déjà ?…

La vérité, c’est que, si le passage du Danube vers Reni et la marche au travers de la Dobroutscha, étaient politiquement impossibles, il n’y aurait pas à hésiter à faire prendre à la grande armée russe la voie de mer. Le trajet de Sébastopol, d’Otchakov et d’Odessa a Varna, Misivria ou Bourgas, est compris entre 240 ou 270 milles marins. C’est l’affaire de vingt-quatre heures. On peut même abréger le trajet final en concentrant une grande partie de la flotte dans la baie de Bjelgorog, au Nord du petit delta particulier que forme la bouche danubienne de Kilia. L’organisation de la défense contre les sous-marins ne laisse pas, évidemment, d’être délicate. Nos Alliés ont, heureusement, un bon nombre de bâtimens légers, croiseurs, « destroyers, » torpilleurs, canonnières, avisos, auxquels sont venus s’ajouter, depuis quinze mois, beaucoup de navires auxiliaires. Ils sont fort bien outillés au point de vue du dragage comme du mouillage des mines automatiques. Celles-ci ne sont, d’ailleurs, vraiment redoutables que dans les passes étroites battues par l’artillerie.

Les divisions turques ou bulgares qui observent la côte ? Il est aisé de les tromper, par des feintes classiques, sur le lieu réellement choisi pour l’opération. Il y a une certaine bataille de l’Aima très démonstrative à cet égard. Au reste, j’ai la parfaite conviction que nos vaillans amis d’aujourd’hui feront aussi bien, quand ils le voudront, que les alliés de 1854. Les souvenirs de cette époque sont, de part et d’autre, assez glorieux, — c’était encore le temps des guerres chevaleresques ! — pour qu’on n’hésite pas à en tirer exemple. Or, le 12 septembre 1854,