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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Par décret en date du 2 décembre, le général Joffre a été nommé commandant en chef des armées françaises : il ne commandait jusqu’ici que celles du Nord et du Nord-Est. On a beaucoup discuté sur le caractère véritable de cette décision, qui nous parait très simple. Sir Édouard Grey a dit un jour, avec infiniment de raison, que tous les fronts où s’exerce l’activité militaire des Alliés étaient solidaires. Que l’un d’eux soit le plus important de tous et qu’il doive être le principal objet de nos préoccupations, personne ne le contestera. Le jour où l’ennemi reculera sur notre frontière du Nord et du Nord-Est, la guerre sera près de son dénouement. Mais, en attendant, ce qui se passera ailleurs, et même à une distance considérable, aura une influence rapide et profonde sur cette frontière même dont nos cœurs et nos yeux ne sauraient se détacher. Voilà pourquoi les pouvoirs du général Joffre devaient recevoir une extension nouvelle. On ne saurait trop approuver les termes du rapport que M. le ministre de la Guerre a adressé à ce propos à M. le Président de la République. « L’expérience, y lisons-nous, des faits actuels, qui se déroulent sur plusieurs théâtres d’opérations, prouve que l’unité de direction, indispensable à la conduite de la guerre, ne peut être assurée que par la présence, à la tête de toutes nos armées, d’un seul chef, responsable des opérations militaires proprement dites. » Ce chef ne pouvait être que le général Joffre : c’est donc lui qui a été désigné, et l’on ne pouvait mieux résoudre la première question qui se posait. Mais il en reste une seconde, à savoir comment et par qui, sous la direction supérieure du général Joffre, sera exercé le commandement de nos armées du Nord-Est. Il est fâcheux que les deux questions n’aient pas été résolues en même temps. Ces retards laissent l’opinion incertaine, ce qui ne va pas sans inconvénient :