Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soin au lecteur. Il observera sans doute que je me suis borné à faire de très brèves allusions aux partis dits « avancés. » Je suis loin d’en méconnaître l’existence. J’étais à Barcelone, en 1909, pendant « la semaine sanglante : » j’ai pu les juger d’après leurs œuvres. Il se peut que, chez nous, certains politiciens fondent sur eux de très grandes espérances pour l’avenir. Le fait est que, pour le moment, ils sont une minorité impuissante. Ce serait folie que de compter sur leur appui. Enfin, on observera sans doute aussi que j’ai attribué, dans cette étude, une place considérable au catholicisme. Ce n’est pas ma faute si l’immense majorité de l’Espagne est catholique. Quand donc nous déciderons-nous à laisser de côté nos préférences et nos passions politiques, lorsqu’il s’agit d’établir froidement une situation ? Si, au lieu de l’Espagne, j’avais eu à parler ici de la Grèce, je n’aurais pas hésité à dire que le catholicisme ne peut qu’y compromettre notre cause.

L’instant est grave. Ce serait une malhonnêteté impardonnable que de fausser la réalité au bénéfice de nos théories. Certains d’entre nous sont trop enclins à regarder les neutres comme les simples spectateurs d’un combat d’idées. Il s’agit d’une lutte qui intéresse matériellement le monde entier. Bon gré, mal gré, il va falloir bientôt que ces neutres soient pour ou contre nous. Nous nous sommes déjà laissé devancer en Orient. Ne recommençons pas ailleurs.


Louis BERTRAND.