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le 155 millimètres jusqu’au 370 millimètres. Les grosses pièces de siège sont généralement fixées sur des plates-formes maçonnées, mais le chemin de fer est le plus souvent indispensable pour les y transporter.

On se demandera quel est le calibre le plus élevé que puisse recevoir un châssis roulant sur voie ferrée. La limite de charge du matériel roulant est de 10 tonnes pour un wagon ordinaire, de 5 tonnes par essieu. Mais en répartissant la charge sur un assez grand nombre d’essieux, on peut arriver à déplacer sur rail des bouches à feu d’environ 100 tonnes, c’est-à-dire d’un calibre de 38 à 45 centimètres, suivant la longueur de la pièce et le poids des mécanismes accessoires. On voit que le mortier allemand de 42 centimètres semble avoir été calculé en réponse à cette question.

Qu’il s’agisse d’organiser une ligne de ravitaillement, de faire circuler des renforts, ou de conduire à poste un matériel pesant, il peut être avantageux de suppléer à l’absence de voies ferrées normales en posant un rail sur route. Les Allemands l’ont fait bien souvent et nous aussi. Dans ce cas, on se sert de voies étroites, généralement à 60 centimètres d’écartement. Une équipe de sapeurs exercés en établit à peu près 1 kilomètre en trois heures de travail. Toutes les grandes armées ont préparé des approvisionnemens de rails avec leurs traverses et de matériel roulant. On pourra pousser encore plus loin la préparation en installant en permanence sur les routes mêmes tout ce qui ne nuirait pas à leur utilisation normale, et en particulier eu réservant sous forme de trottoir un côté de la route, complètement aménagé et simplement recouvert d’un passe-pied en bois. Ce système pourrait être appliqué même à des voies larges. On peut aussi disposer des dépôts de matériel de distance en distance sur la ligne et entretenir des garages pour les wagons. Une très grande abondance de voies auxiliaires ainsi équipées en arrière d’une armée lui sera précieuse. Il est probable que, dans les guerres européennes, le commandement disposera de voies ferrées à profusion.

L’outil de transport par excellence est pourtant d’une autre nature : c’est l’automobile. Alors que le moindre accident bloque une ligne ferrée, il faut, pour arrêter l’automobile ou la destruction de la route, ce qui est rare, ou une panne de son propre moteur. Les autos de toute espèce ont été réquisitionnés