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En Allemagne, on exigeait 4 tonnes pour les camions ou tracteurs, 2 tonnes pour la voiture attelée : la vitesse demandée était 16 kilomètres. Nos 1 500 autobus parisiens nous ont rendu d’inappréciables services. Dès le deuxième jour de la mobilisation, 500 d’entre eux se précipitaient vers la frontière de Belgique. Berlin n’a pu en mobiliser en tout que 1 000. La première armée expéditionnaire anglaise débarqua avec 100 autobus.

L’automobile, comme le wagon, a reçu des installations spéciales. Il y a des autos-ambulances, des autos-cuisines, des autos-projecteurs, des autos-télégraphes, des autos-caissons, des autos-canons, des autos-mitrailleuses, des parcs automobiles d’aviation, etc. Par exemple, on annonçait, dans le courant de l’hiver, l’arrivée à l’armée anglaise de 250 motoside-cars blindés, porteurs de mitrailleuses. Ce sont là des modèles légers. Les Russes en font qui ne pèsent pas plus de 2 tonnes, tout compris, tandis que celles que les Allemands leur opposaient allaient jusqu’à 10 tonnes et s’embourbaient dans les mauvais chemins de Pologne. Mais le poids doit être en relation avec la largeur des roues. Avec des châssis munis de rouleaux comme ceux qui écrasent le macadam, on arriverait à faire porter au terrain, sur route, une charge considérable, à la condition d’aller lentement. Par-là l’on pourrait augmenter dès aujourd’hui le calibre maximum des pièces d’artillerie mobiles ; il en serait de même si l’on faisait usage de voies ferrées spécialement construites, comme on en peut établir déjà à l’intérieur des forteresses, comme on en fera peut-être ailleurs dans un intérêt stratégique.

On sera sans doute tenté d’accroître aussi la charge de nos plus simples autos de guerre, soit pour les abriter sous un cuirassement plus épais, soit pour accroître leur armement individuel. Cependant, il semble que l’avenir, au contraire, soit aux voitures légères : le poids nuit à la vitesse, il oblige à ne pas quitter les bonnes routes ; on ne peut songer à faire emploi des blindages qui résisteraient aux obus, même de 75, à l’explosion desquels la voiture elle-même ne résisterait pas. Il faut plutôt s’attendre à voir augmenter le nombre des voitures. Ce sera la vraie forme de la cavalerie, ou plutôt L’union intime des trois armes. Une nuée de canons et de mitrailleuses lancée à travers les plaines, avec des soldats en croupe, ne pourrait-elle encore