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Par conséquent, en temps de paix, toutes les troupes tiendront garnison sur lus lignes de tranchées, les détachemens se relevant à la garde effective, à l’inspection et à l’entretien des ouvrages, le surplus concentré à proximité. C’est le service des places appliqué à l’ensemble du territoire national. En arrière et dans le corps du pays, il ne reste que des organes de recrutement et de commandement : dépôts, magasins, centres d’état-major, noyaux de police intérieure, etc. ; mais plus de garnison proprement dite.

Nos tranchées étant habitées à poste fixe, les modestes abris des premiers temps sont devenus des casernes casematées, profondément enfoncées en terre, à l’épreuve de l’obus comme de la balle. On y trouve tout le confort compatible avec cette situation. Elles communiquent par le réseau des boyaux, qui sont maintenant des tunnels, donnant sur l’extérieur seulement par leur débouché dans les tranchées et par des orifices de ventilation. Ainsi rien n’offre prise aux coups de l’ennemi aérien. Peut-être même les tranchées sont-elles couvertes sur la plus grande partie par des plafonds bétonnés, ne laissant que des meurtrières pour tirer et des sorties, d’espace en espace, pour déployer les troupes à ciel ouvert.

Ces boyaux se ramifient comme les branches d’un arbre. Dans chaque secteur, les plus éloignés du front se réunissent en un tronc commun, qui les met tous en communication avec le réseau des chemins de fer. Ils sont l’aboutissement des lignes stratégiques destinées à l’alimentation du système entier. Il importe extrêmement que les voies ferrées voisines soient à l’abri des coups et même des vues, pour qu’on ignore les déplacemens des troupes le long de la frontière : concentration d’attaque, passages de renforts, etc. Les terminaisons au moins des chemins de fer et la voie parallèle aux tranchées sont donc aussi pratiquées en tunnel, et se raccordent avec les boyaux proprement dits.

Dans ces milliers de galeries l’air est poussé par des ventilateurs, la pensée portée sur des fils téléphoniques, la lumière et la force sont distribuées par une canalisation d’électricité alimentant les lampes intérieures, les projecteurs, les pompes d’assèchement, les appareils des ateliers de secours, les machines perforatrices, les locomotives des convois sur rails, les cuisines souterraines, etc. A mesure que les sapeurs