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« Collection des Grands Écrivains de la France » publiée par la librairie Hachette. Ce que la première série a fait pour les écrivains du XVIIe siècle, il restait à le faire pour ceux des XVIIIe et XIXe siècles. La nouvelle collection comprendra, non pas leurs œuvres complètes — c’est leur faute : pourquoi ont-ils tant écrit ? — mais leurs œuvres principales. Après les Méditations de Lamartine, que suivront les Harmonies et Jocelyn, viendront la Légende des siècles, qu’on nous promet pour une date très prochaine, puis le Génie du christianisme, des romans de Stendhal, de Balzac, etc. Pour le XVIIIe siècle, les chefs-d’œuvre de Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot. Il faut féliciter la librairie Hachette d’avoir fait dater de la tourmente actuelle cette entreprise de longue haleine, qui est un hommage à l’esprit français et un acte de foi dans sa vitalité. Elle en a confié la direction à M. Gustave Lanson, qui, par sa large et précise érudition, en assurera le succès, et dont il n’est que juste de dire que le choix s’imposait.

Avec ses riches références, avec son appareil critique abondant et pourtant mesuré, l’édition savante des Méditations, due précisément à M. Lanson, sera désormais celle dont se serviront les historiens de la littérature comme du plus précieux instrument de travail. L’établissement même du texte offrait peu de difficultés. Il n’était que de nous remettre sous les yeux, tel que l’ont eu les contemporains, le petit recueil dont l’apparition émut si fort la sensibilité du XIXe siècle : les vingt-quatre Méditations poétiques parues, sans nom d’auteur, au Dépôt de la librairie grecque-latine-allemande, le 13 mars 1820. Les éditions qui se sont rapidement succédé n’y ont apporté que de légères modifications : Lamartine n’était pas l’homme des retouches et des corrections. L’embarras commence quand il s’agit d’assigner une date à chaque morceau : les indications fournies par le poète lui-même ne sont pas toujours exactes, et les recherches les plus minutieuses n’aboutissent souvent qu’à des conjectures. Un commentaire suivi accompagne le texte. Les nombreux rapprochemens qu’y a groupés M. Lanson permettent, en replaçant la poésie lamartinienne dans l’ensemble de la production contemporaine, de montrer, mieux qu’on n’avait encore fait, par quels liens elle se rattache à ce qui a précédé, et ce qu’elle a apporté de vraiment neuf.

Longtemps, on a considéré la date de 1820 comme celle d’une