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été admis au service dans l’armée de mer, ainsi que les engagés volontaires, devaient rester pendant dix ans, après le congédiement de leur classe, à la disposition du ministre de la Marine ; après quoi, ils étaient reversés au service du recrutement et incorporés dans les réserves de l’armée de terre. Lors de la mobilisation, la liste de ces réservistes-marins comprenait environ 12 000 noms[1].

Cet appoint joint aux réservistes inscrits maritimes, dont nous reparlerons, fut largement suffisant pour assurer les besoins de la flotte en marins de spécialité. Bien plus, les conscrits de la classe 1914 furent, pour la plupart, dirigés sur des formations militaires, au lieu de subir une instruction spéciale en vue de leur embarquement, les écoles de spécialités ayant cessé de fonctionner. Il n’y a donc pas eu pénurie de personnel dans la Marine par suite de l’insuffisance de l’Inscription maritime. Il nous reste à examiner si le danger découlant du second reproche adressé à cette institution, à savoir l’inutilisation des réserves, a été conjuré comme le premier et si l’on n’a pas constaté pléthore de marins. Mais il est indispensable, auparavant, d’exposer le mécanisme spécial de l’Inscription maritime.


Pour assurer l’exécution des lois qui régissent cette institution, le littoral de la France a été divisé en arrondissemens maritimes ayant pour capitale nos grands ports de guerre. Dans chacun de ces arrondissemens, il existe un ou deux directeurs de l’Inscription maritime qui dépendent du sous-secrétaire d’Etat, pour les questions intéressant la Marine marchande, et du préfet maritime pour les affaires domaniales ou de recrutement.

Cependant, la véritable circonscription territoriale de l’Inscription maritime est le quartier dont l’institution est due à Colbert. Les quartiers qui se succèdent tout le long de la côte de Dunkerque à Bayonne, de Port-Vendres à Nice, ainsi qu’en Corse et en Algérie, sont confiés à des administrateurs depuis que les

  1. Ce chiffre peu important est fait pour surprendre, si on le rapproche du contingent admis en 1911 ; mais il y a lieu de considérer qu’antérieurement à 1911 les jeunes gens provenant du recrutement étaient beaucoup moins nombreux et, en outre, qu’une proportion notable de conscrits souscrivent un rengagement à l’expiration de leur temps obligatoire et font ainsi leur carrière dans l’armée de mer.