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loyers et jugent d’après leurs embarquemens si ce maintien doit être confirmé. Comme les matricules sont examinées case par case, on peut déclarer, après cette étude, que tous les inscrits coopèrent à la défense nationale, soit parce qu’ils ont été rappelés, soit parce qu’ils naviguent utilement. Des délais très courts leur sont alloués entre deux embarquemens ou en cas de maladie, afin d’éviter toute cause d’embuscade. La mobilisation est donc complète : la Marine a procédé par étapes successives, soucieuse de faire la part respective des besoins militaires et de ceux de l’armement.


Il reste à savoir quelle a été l’utilisation effective des inscrits mobilisables ? On comprendra que, sur ce point, nous nous contentions de donner des indications générales[1]. La Marine a dû faire face, en premier lieu, à ses propres besoins. Elle a complété l’armement de ses navires de combat ; elle en a armé de nouveaux. Ces mouvemens n’ont absorbé toutefois qu’un petit nombre de réservistes, grâce au désarmement des bâtimens écoles dont les cadres et les élèves ont été grossir les rangs des équipages naviguant. Il a fallu également constituer les effectifs du front de mer pour les services maritimes spéciaux : défense fixe, renseignemens, etc. Il s’agissait là de quelques milliers d’hommes. Les directions du port s’enrichirent des équipages des arraisonneurs des remorqueurs auxiliaires et des dragueurs de mines. Tout compte fait, c’est à peine si la flotte avait employé une trentaine de mille de réservistes, dont la plus grande partie avait été prélevée sur les hommes du recrutement. Il était prudent de laisser dans les dépôts un contingent important de matelots pour les « services généraux » du port : corvées de toutes sortes, gardes, personnel d’instruction, etc. Mais il restait un excédent d’hommes toujours considérable. C’est alors que la Marine eut l’idée de constituer cette fameuse brigade de fusiliers marins qui fit, à Dixmude, une résistance superbe. Outre la brigade, la Rue Royale s’occupa de rassembler un régiment de canonniers marins, une compagnie de mitrailleuses, des groupes d’auto-canons et d’auto-projecteurs, des sections de

  1. Nous ne relaterons que des chiffres produits au Journal Officiel.