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dans la plupart des corporations relativement faible -, il y a des chances pour qu’il ne soit pas nul dans celle des inventeurs. Il se trouvera donc toujours sur cent inventeurs un ou deux… au moins, qui n’auront rien inventé du tout que d’absurde, et qui, n’étant pas mis au pavois, crieront à la persécution et rempliront les oreilles des reporters de leurs doléances, en clamant que tout est perdu et que la France est une ingrate. On ne peut pourtant pas avec la meilleure volonté, contenter tout le monde, admettre les multiples moteurs à mouvement perpétuel fréquemment présentés, ou les quadratures du cercle, ou tant d’absurdités dont la nomenclature donnerait les élémens d’un volume bien amusant : tel cet inventeur qui pensait méduser, au point de la réduire à l’impuissance, toute l’armée allemande en suspendant à un avion une reproduction parfaite de la figure de Guillaume II. Tel cet autre qui… Mais je m’arrête à cause du secret professionnel…

La vérité est que toute proposition, quelle qu’elle soit, tout croquis, fût-il informe, toute suggestion, fût-elle manifestement incohérente et faite par un aliéné, est et a toujours été examinée par la Commission des Inventions. Un officier ou un savant ou un ingénieur, idoine et consciencieux, immédiatement désigné et choisi en raison de sa compétence et de la nature du sujet, établit un rapport sur la proposition. Ce rapport est lu et ses conclusions discutées à la séance de la Commission où siège l’élite de notre science et quelques-uns de ceux parmi nos techniciens militaires qui se sont le plus distingués par leur travaux. Ou bien la proposition est rejetée après discussion ; ou. bien elle est prise en considération et elle est, ou du moins elle était, avant l’institution du ministère des Inventions, transmise immédiatement au ministère de la Guerre à qui seul les règlemens permettaient d’y donner une suite, une application et une généralisation plus ou moins immédiates. La Commission des Inventions était donc parfaitement innocente des retards apportés, dit-on quelquefois, à la mise en pratique d’une proposition prise par elle en considération ; elle a même déploré elle-même souvent de pareils retards, et que sa constitution et ses pouvoirs ne lui permissent pas d’activer davantage la mise en œuvre des projets acceptés par elle ou acceptables.


Et voici qui m’amène tout naturellement à parler des défectuosités de l’état de choses antérieur à l’institution du ministère des Inventions et auquel celui-ci a pour objet de remédier par les moyens que