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septembre. Mais les divertissemens étaient nombreux : fêtes de l’Église, représentations scéniques, distributions de récompenses, banquets offerts par les maîtres aux sons des flûtes et des harpes, — Minervales suivies souvent de Saturnales, — promenades en corps au Lendit, c’est-à-dire à la foire de Saint-Denis, sans compter les jeux et les sports sur l’herbe de l’Ile-aux-Vaches, l’ancien nom de l’Île-Saint-Louis, et les rudes frottées, dans les vignes du faubourg Saint-Marceau, avec les bonnetiers du quartier et les gardes champêtres. À quelques centaines de mètres du collège, c’était en effet la campagne, les jardins, la jolie vallée de la Bièvre, moins attrayante pour cette jeunesse comprimée que le tapage des ruffians, la nuit, dans la rue des Chiens. Malgré les sévérités de la discipline et l’œil de Polyphème, les élèves sautaient souvent par-dessus les murs après le couvre-feu et couraient le guilledou. Leurs régens, aussi jeunes qu’eux, leur faisaient la courte échelle et les menaient aux bons endroits. François, plus tard, sous le ciel des Indes, racontait au chapelain de San Tome qu’il les avait accompagnés plus d’une fois, mais que l’horreur des maladies qu’ils rapportaient de leurs débauches, et dont un de leurs maîtres mourut, l’avait toujours protégé et gardé pur. Cette timidité, dont la chair triomphe si facilement pour son dommage, ne se prolonge que si elle vient de la pudeur de l’âme.

Ce ne furent point les seuls dangers qui le menacèrent. L’Université de Paris était alors en sourde fermentation. Les idées de la Réforme filtraient sous toutes les portes, et la lumière de la Renaissance descendait de toutes les lucarnes. Parmi ces Montacutiens, que brocardaient les Barbistes, François croisa sans doute assez souvent un jeune homme, son cadet de trois ans, de manières réservées comme les siennes, mais de moins grand air, qui allait bientôt quitter Montaigu, en 1528, l’année même où Ignace de Loyola y entrait : Jean Calvin. Les intelligences avaient commencé leur veillée d’armes. Entre 1520 et 1530, les professeurs de Sainte-Barbe représentent, selon le mot de Quicherat, « toutes les nuances de l’orthodoxie, comme de l’hérésie. » C’étaient de fiers originaux, dont le trait dominant est une inquiétude qui promène les uns de collège en collège, de ville en ville ; les autres, de science en science. Gelida, Espagnol francisé, tout d’abord entêté de philosophie scolastique, puis touché par la lecture de Lefèvre