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attitude, soyons, assurés de la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Cabinet de Washington., C’est le moins qui puisse arriver sans doute. S’ils n’y persistent pas et qu’ils donnent de ce côté satisfaction au président Wilson, on peut être convaincu que leur superbe, blessée, voudra prendre sa revanche et qu’ils commettront de nouvelles et maladroites incartades. En tout cas, ou bien ils n’accepteront pas les termes de l’accord proposé au sujet des opérations de sous-marins, ou bien ils en violeront les dispositions que nous commentions un peu plus haut. Et ils ne sauraient faire autrement, je le montrais tout à l’heure, sans renoncer aux bénéfices qu’ils attendent toujours de la guerre sous-marine.


Mais si, tout bien examiné, on est en droit d’écarter l’idée de décisives complications avec l’Amérique au sujet du resserrement du blocus de l’Allemagne « au travers des neutres, » comme le disait fort justement, il y a quelques jours, un membre de la Chambre des Communes, il n’est point douteux que les mesures annoncées provoqueront de fréquens et pénibles incidens. Il y aura des représailles, dont la moindre est celle que l’on nous promet dès aujourd’hui : le refus de recevoir dans les ports américains, comme navires de commerce, les paquebots et « cargo-boats » armés contre les sous-marins. Il est clair que, tant que nous dépendrons, si peu que ce soit, des grandes usines et fabriques américaines pour nos réapprovisionnemens, nous aurons intérêt à ménager une opinion publique qui, dans l’ensemble, sera toujours sensible aux considérations de l’ordre matériel, une opinion que les « Progermains » sauront toujours impressionner en réclamant l’entière liberté du négoce maritime, telle qu’elle est définie, en temps de guerre, par les règles du droit international actuel.

Un intérêt du même ordre commanderait de ménager aussi la Suède. J’observais brièvement tout à l’heure que certaines industries suédoises envoient d’importans produits chez les Alliés et pas seulement chez les Russes, comme d’aucuns le croient. On a parlé ces jours derniers de la pâte de bois, que le ministère suédois, de provision, juge bon de refuser à l’Angleterre. Ce n’est qu’un commencement. Le plus grave des problèmes qui vont se poser est toujours celui du transit des fournitures à*destination de la Russie par les ports d’une