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ONZE MOIS DE CAPTIVITÉ
EN ALLEMAGNE

SOUVENIRS D’UN AMBULANCIER

Les Souvenirs qui suivent n’ont pas d’autre prétention que celle d’une exacte sincérité. Ils ont été rédigés d’après les notes et les impressions toutes fraîches, d’un soldat-infirmier récemment rapatrié d’Allemagne.

Mobilisé dès les premiers jours, désigné sur sa demande pour servir au front, celui-ci rejoignit à Saint-Dié la formation sanitaire à laquelle il était affecté. Il participa de la sorte à l’offensive des troupes françaises en Alsace et franchit la frontière avec la…’armée, dans sa marche sur Schirmeck.

L’ambulance à laquelle il appartenait fut installée dans un sanatorium, sur les hauteurs boisées qui dominent la petite ville de Saales. Nous y arrivons en sa compagnie et lui laissons la parole pour conter ses angoisses, sa capture, son internement en Saxe et les souffrances cruelles qu’il endura chez l’ennemi.

A. T


I
LE SANATORIUM TANNENBERG

12 août 1914. — A demi hôtel, à demi maison de santé, c’est un luxueux caravansérail à l’usage des millionnaires germains neurasthéniques. Sa fragile clientèle a fui. Il va, cette fois, abriter d’autres commensaux que ses hôtes ordinaires et voir soigner des maux plus redoutables que les bobos des belles madames. Les Allemands l’ont évacué, abandonnant leurs