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900 litres à la seconde. Nous avons vu plus haut les remarquables résultats obtenus dans la haute vallée de la Neste.

On serait tenté de croire que, pour exécuter ces travaux, il faudra dépenser des sommes énormes, ce qui serait de nature à les ajourner à des époques lointaines ; heureusement pour l’avenir de notre pays, tout autre est la réalité.

On estime que le coût de l’emmagasinage du mètre cube d’eau, lorsqu’il s’agit d’utiliser un lac, est de 0 fr. 10 (dix centimes) par mètre cube d’eau emmagasinée, si on n’exhausse pas le niveau du lac ; de 0 fr. 15 (quinze centimes), pour exhausser le niveau du lac ou créer un réservoir artificiel.

Il faut reconnaître qu’eu égard aux avantages incalculables que l’industrie et l’agriculture retireront de cette organisation de nos forces hydrauliques, cette dépense, étant donné qu’une fois faite, elle ne sera pas renouvelée, est réellement bien peu de chose.

Les détails donnés jusqu’ici ont montré ce qu’on est en droit d’attendre d’une régularisation méthodique des cours d’eau des Pyrénées, surtout au point de vue industriel ; l’intérêt de cette régularisation est tout au moins aussi grand au point de vue agricole. La houille verte, en effet, une fois son emploi comme force motrice épuisé, conserve intacte toute sa vertu fertilisante comme eau d’irrigation, et, judicieusement utilisée, peut aisément tripler la production utile des terres, surtout au point de vue de la nourriture du bétail. Ce n’est un secret pour personne que de la chaleur, des engrais et de l’eau dépendent la fertilité du sol. Le « Midi pyrénéen » se trouve, pour réaliser ces conditions, dans la situation la plus favorable possible. Il a la chaleur ; en aménageant ses cours d’eau, il aura les forces hydrauliques permettant la création d’usines, qui lui fourniront à la fois les engrais et un débit régulier aux saisons d’étiage pour ses irrigations. La situation créée par la guerre actuelle au cheptel, non seulement national, mais européen, ouvre devant lui un avenir de prospérité sérieux et durable.

Avant la guerre, le troupeau français non seulement suffisait à l’alimentation nationale, mais permettait même une exportation rémunératrice pour les éleveurs. Malgré une consommation croissante intérieure de la viande, due à l’habitude de la nourriture carnée, qui, grâce à l’élévation des