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tenons à Knocke le confluent de l’Yperlée et de l’Yser, non loin du point où se fait maintenant la liaison entre les Français et les Belges ; — Knocke, que Condé appelle « le poste le plus considérable de Flandre, sans lequel Ypres ne peut subsister. » (29 juin.)

A la mi-juin, l’archiduc, avec le gros de ses forces, entreprit l’opération classique de la descente en France. Tandis que ses avant-gardes venaient insulter les places de la Somme, lui-même venait prendre position devant le Catelet, tout à fait à l’extrémité Sud de la ligne de l’Escaut, à la naissance du plateau commun à ce fleuve et à la Somme* et qui fait crête de partage entre leurs sources ; à la limite par conséquent des deux grands versans, l’un vers la mer du Nord, l’autre vers la Manche : étape importante sur la route des Pays-Bas vers Paris. — Les avant-gardes tenaient sur la ligne de l’Oise supérieure entre Saint-Quentin, Guise et Rocroi, là même où se fera la halte principale dans la retraite de 1914. Condé traversa Arras, le 22 juin, arriva devant le Catelet le 26, et obligea l’archiduc à reculer au-delà de Landrecies. Les deux adversaires se retranchèrent sur ce que nous avons appelé le rideau défensif. L’archiduc était couvert à droite par la forêt de Mormal, au centre par Landrecies et à droite par l’Helpe. Après trois semaines, il leva le camp et rentra à Lille. L’armée française en fit autant et revint vers Arras par Souchez (20 juillet).

On a vu comment, en 1914, l’armée de Lorraine avait été transportée entre l’Oise et la Somme, et avait passé ainsi de l’aile droite de notre dispositif général à l’aile gauche. Un mouvement analogue fut exécuté en 1648. L’armée d’Alsace commandée par d’Erlach reçut l’ordre du Roi, expédié le 20 juin, de marcher vers Luxembourg : puis, le 27 juillet, un second ordre de s’acheminer de Metz sur Guise.

Les Espagnols cependant avaient repris l’offensive à leur aile droite. Le corps opérant en Flandre maritime investissait Furnes (24 juillet), et le gouverneur d’Aire, sur la haute Lys, menaçait Saint-Venant, ville située un peu en aval sur la même rivière. Condé fit faire demi-tour à son armée à Souchez, et la ramena à Béthune, puis à Hinges, d’où il pouvait à sa gauche secourir Saint-Venant, et à sa droite surveiller l’archiduc, qui était à dix lieues dans le Nord-Est, à Warneton. Mais, à notre extrême