Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 34.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gauche, Rantzau, qui commandait Dunkerque, laissa prendre Furnes (3 août).

On se rappelle cette petite ville, à l’arrière de l’Yser, si souvent bombardée depuis 1914 : Sa chute en 1648 fit à Paris un effet déplorable. Mais au même moment, les troupes d’Alsace atteignaient l’Oise, et allaient renforcer l’armée de Condé. La grande partie allait se jouer. C’est l’archiduc qui l’entama. Le 11 août, les colonnes quittant le camp de Warneton remontèrent la Lys et vinrent assiéger le château d’Estaires. Ce point, disputé aussi en octobre 1914, commande le confluent de la Lys avec un affluent qui vient de Béthune, le Lawe. En d’autres termes, il domine la croisée de la Lys sur la route qui mène de Béthune à la Flandre maritime. C’est donc un point très important. Condé ne put le sauver, et le château se rendit le 12 août. Tout ce que put faire M. le Prince fut de barrer la Lys un peu en amont, à Marville, en couvrant ainsi Saint-Venant du côté de l’Est. L’archiduc n’insista pas dans cette direction. Il fit tête de colonne à gauche et fila au Sud sur Béthune. Condé aussitôt fait colonne à droite, vient lui interdire le chemin.

Les 4 000 hommes de l’armée d’Alsace qui étaient sur l’Oise le 9, arrivaient à Arras le 14, tournaient au Nord et rejoignaient Condé à Béthune le 16. Mais, en même temps, l’archiduc entreprend une nouvelle manœuvre. Dans la nuit du 15 au 16, il décampe d’Estaires, file au Sud-Est, passe devant La Bassée, franchit le canal, et le 18 au matin il débouche dans la plaine de Lens. Cette place, qui était en fort mauvais état, se rendit dans la nuit du 18 au 19. Ainsi l’archiduc, par ce vaste mouvement circulaire, avait tourné autour de la droite de Condé, et venait se placer sur ses communications, coupant la route entre Béthune et Arras. Condé, qui avait deviné la manœuvre, se porta de La Bassée sur Lens ; mais il était trop tard ; arrivé à Loos, il trouva l’archiduc devant lui, et la bataille se livra à fronts renversés, l’archiduc adossé à la France, Condé adossé aux Pays-Bas.

La victoire de Condé arrêta l’invasion ; mais supposons maintenant qu’un envahisseur ait réussi à se rendre maître du rideau défensif et qu’aucune force sur les plateaux picards ne soit venue menacer son flanc droit entre La Bassée et Arras. Il poursuit sa marche sur Paris. Quel nouvel obstacle va-t-il rencontrer devant lui ? Il n’en existe plus qu’un, la vallée de la