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Ce fut d’abord une armée qui prit le nom de la IIe armée, composée comme nous l’avons dit, d’unités retirées à trois armées de l’Est, la VIIe, la VIe et la IVe. On remarquera que la Ve année, l’armée du Kronprinz, qui était déjà devant Verdun, est la seule qui n’ait rien fourni. Au contraire, elle reçut un des corps de la VIe armée, le IIIe bavarois.

Cette VIe armée, qui avait combattu devant Nancy sous les ordres du Kronprinz de Bavière, avait donc donné tous ses corps, sauf un, le Ier bavarois de réserve. Le prince de Bavière se transporte avec ce corps devant Arras, à la droite de la IIe armée, et reconstitue là une nouvelle VIe armée, avec un corps de la Garde, le XIXe corps donné par l’armée de Champagne, le IVe donné par l’armée de l’Oise, le VIIe qui vient de l’ancienne IIe armée, et le XIVe qui vient d’Alsace.

Ainsi, à l’automne de 1914, toutes les forces allemandes de l’Est et une partie de celles du centre regroupées en deux armées nouvelles remontent précipitamment vers la mer. La défense de la Lorraine et des Vosges sera désormais assurée par des formations d’Ersatz et de Landwehr. — Cependant le front continue à s’élever vers la mer. Alors, à la droite de la VIe armée va se placer une armée pareillement nouvelle. Comme les deux précédentes, elle va prendre le nom et, pour ainsi dire, relever le titre d’une armée antérieurement existante, et elle sera dite IVe armée, quoiqu’elle n’ait avec l’armée qui avait combattu sous ce nom d’autre rapport que d’être commandée par le même chef, le duc Albert de Wurtemberg.

Cette IVe armée est composée de deux unités qui viennent de faire le siège d’Anvers, la IVe division d’Ersatz et le IIIe corps de réserve. Mais surtout elle est faite de quatre corps de seconde ligne, préparés dans le plus grand secret, qui apparaissent pour la première fois sur le champ de bataille, et qui portent les numéros XXII, XXIII, XXVI, XXVII.

Ce sont ces trois armées, qui tiennent encore le front de Roye jusqu’à la mer. Mais naturellement, il y a eu des remaniemens dans la suite de ces dix-huit mois. L’esprit de ces remaniemens est bien net. Les Allemands ont grossi l’armée centrale, l’armée du prince de Bavière, et diminué les deux armées d’ailes, celle du duc de Wurtemberg au Nord, celle du général von Bülow au Sud.

Il est aisé de comprendre le mécanisme de ce mouvement.