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Le jour où les Allemands ont renoncé à l’entreprise sur Calais, le front des Flandres est revenu à son degré naturel d’importance, c’est-à-dire à celui d’une zone où aucun des deux adversaires n’avait de raison de tenter d’opération de premier ordre. Quant à la région entre la Somme et l’Oise, nous avons vu quel calme y a régné pendant toute l’année 1915. — Au contraire, au centre de la ligne, les Français avaient un intérêt considérable à s’avancer dans la plaine de Douai. Il y avait donc pour les Allemands urgence à se renforcer dans cette région.

Avant l’attaque du 9 mai, la VIe armée comprenait 16 divisions, plus deux en réserve à l’arrière, la LVIII0 à Roubaix, la CXVe à Douai. Pendant la bataille, il arriva en renfort huit divisions, unités qui étaient au repos derrière le front, ou qu’on prélève sur les unités des secteurs tranquilles : la IVe armée donne la valeur d’une division, l’armée de Champagne en donne une, le détachement de Woëvre en donne une.

Pendant la bataille du 25 septembre, nouvelle arrivée de renforts ; mais cette fois, le problème est plus compliqué, puisque las Français attaquent en même temps en Champagne. Néanmoins, 45 bataillons sont prélevés, soit sur les corps voisins, soit sur les corps au repos à l’arrière. C’est ainsi que la Garde revient de Charleroi, et qu’une division du Xe corps accourt de Cambrai. Quant aux bataillons prélevés sur les corps voisins, voici comment ils ont été amenés. Chaque régiment allemand avait un bataillon en première ligne, un bataillon en seconde ligne et un bataillon à l’arrière, au repos. Ces troisièmes bataillons ont été ramassés et jetés en toute hâte dans le combat, soit en Champagne, soit en Artois.

Avant de décrire l’ordre de bataille actuel, rappelons une autre donnée. Au début de la guerre, tous les corps allemands étaient en ligne. La plupart des théoriciens allemands condamnaient les réserves stratégiques. La longue durée de la guerre, le service des tranchées, la fatigue des batailles, la nécessité d’entraîner spécialement des troupes pour les assauts, ont ramené d’autres principes. Il a fallu organiser un roulement et envoyer les corps se refaire à l’arrière. Il y a actuellement derrière le front de toutes les armées un certain nombre d’unités qui dorment. A la mise en ligne de toutes les forces a succédé un échelonnement en profondeur. Un autre changement a été