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efforts devraient être tendus vers leur meilleur rendement pour la défense de la patrie, alors que notre aviation dans toute l’effervescence d’une continuelle et glorieuse crise de croissance et de progrès aurait besoin de tous les concours techniques propres à la garder des tâtonnemens inutiles, l’Institut Aérotechnique est détourné de son rôle pourtant si essentiel, et il sert de caserne : son personnel, au lieu d’être mobilisé sur place, est disloqué, dispersé de tous côtés, ses laboratoires et ses précieux instrumens sont immobiles et sans emploi.

3° Un autre procédé consiste à disposer les corps à étudier sur un véhicule qui se déplace à grande vitesse. Des recherches importantes dans cette voie sont dues à M. de Guiche qui a été ici un précurseur doublé d’un technicien remarquable. En fixant les surfaces à étudier au-dessus d’un automobile roulant à diverses vitesses, au moyen d’un bâti élevé, et grâce à d’ingénieux manomètres, M. de Guiche a obtenu de nombreuses et intéressantes données qu’il a publiées naguère en plusieurs volumes précieusement documentés.

La méthode du véhicule a été également employée à l’Institut Aérotechnique au moyen d’un chariot mû électriquement sur une voie ferrée rectiligne de 1 360 mètres de long qui permet d’étudier jusqu’à des vitesses de 85 kilomètres à l’heure de très grandes voitures, et même des aéroplanes entiers.

Cette méthode a d’ailleurs l’inconvénient des perturbations et des remous inévitables produits dans l’air par le voisinage du sol et la proximité du véhicule, bien que l’objet à étudier soit placé aussi haut que possible au-dessus de celui-ci. La méthode du manège a les mêmes inconvéniens et en outre celui-ci : dans son mouvement circulaire l’objet étudié, pour peu qu’il ne soit pas très petit, n’a pas la même vitesse dans sa partie externe que dans sa partie tournée vers le centre du manège ; d’où des dissymétries et des remous perturbateurs dans les actions de l’air. Comme on le voit l’antique carrousel de nos fêtes rurales, le manège musical aux coursiers ligneux et concentriques n’est point encore la panacée universelle qui nous fournira impeccablement toutes les solutions de l’aérotechnique. La distance reste grande, qui sépare de Pégase les « bons chevaux de bois » chers à Verlaine.

4° Enfin le procédé le plus simple, mais le plus délicat dans la pratique consiste à faire les mesures sur un aéroplane en plein vol. C’est ce qui a été réalisé heureusement, grâce notamment aux appareils du commandant Dorand, qui permettent d’enregistrer