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objections. On craignait que les résultats obtenus avec les modèles réduits (seuls utilisables ici, étant donné le diamètre forcément minime des courans d’air artificiels puissans) ne fussent pas rigoureusement applicables aux aéroplanes en vraie grandeur, même en utilisant des lois de similitude expérimentalement établies. En fait, ces craintes étaient heureusement vaines : il paraît démontré qu’à condition de ne pas employer des modèles très petits, et d’avoir, comme dans le cas des expériences de M. Eiffel, des courans d’air d’une amplitude correspondante, la méthode du courant d’air fournit des résultats, à peu de chose près, corrects. La comparaison des résultats obtenus sur les modèles réduits avec ceux que donnent les appareils en vraie grandeur a été concluante à cet égard. Des expériences comparatives faites avec le chariot électrique de Saint-Cyr ont conduit à une conclusion analogue.

Comme on le voit, chacune des méthodes employées pour l’étude de la science de l’air a ses avantages et ses inconvéniens. Elles se complètent et se contrôlent réciproquement. C’est ainsi qu’en attaquant simultanément de divers côtés, sur tous les fronts à la fois, cet ennemi de la science qu’est l’inconnu, celle-ci arrive à le maîtriser, alors qu’une attaque unilatérale le laisserait invulnérable par ailleurs et ne donnerait sur lui qu’une victoire locale et fallacieuse.


C’est par ces méthodes qu’ont été obtenus les résultats relatifs à l’angle d’attaque optimum, aux dimensions des surfaces portantes, etc., auxquelles j’ai fait allusion dans ma dernière chronique. Il ne saurait être question d’entrer ici dans le détail systématique des mesures numériques qui ont été ainsi faites. Je voudrais seulement par quelques exemples, en quelque sorte sporadiques, montrer l’intérêt souvent imprévu de ces résultats et signaler quelques-unes de leurs conséquences pratiques.

Si on fait agir de l’air à une vitesse donnée sur diverses surfaces planes de même forme, mais de dimensions différentes, la résistance de l’air n’est pas la même par centimètre carré pour les diverses surfaces. Par exemple, sur un carré de 10 centimètres de côté, la résistance de l’air est beaucoup plus petite que sur chacun des décimètres carrés d’une plaque d’un mètre de côté. — Si on prend deux surfaces de même étendue, mais de formes différentes, la résistance de l’air diffère : par exemple, si on prend un carré et divers rectangles de même surface totale, M. Eiffel a montré que la résistance est bien plus grande