Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 34.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Tandis que la Chambre française se formait en un comité secret d’où le ministère devait sortir, après sept longues séances, raffermi par un vote qui exprime d’abord l’union perpétuée et renouvelée de tous les partis dans une inébranlable volonté de vaincre, en Italie le Cabinet Salandra est tombé, sur un incident, savamment ménagé, de vie parlementaire. Voici comment en fut montée la mécanique. Le député Chiesa commença par demander au gouvernement de faire à la représentation nationale, sur la situation militaire (au lendemain de l’offensive autrichienne et pendant que la bataille se poursuit), « les communications compatibles avec les exigences de la guerre, » c’est-à-dire de s’expliquer publiquement au sujet d’événemens en cours, dans la mesure où il croirait pouvoir parler et dans la forme qu’il jugerait convenable. M. Salandra répondit qu’il en aurait une occasion toute naturelle si l’on entamait au plus tôt la discussion des crédits provisoires, qui, comme à l’ordinaire, mettrait en jeu la politique générale du gouvernement : on était alors au jeudi, on pouvait bien prendre le lundi suivant; car il n’avait pas moins hâte que la Chambre de voir s’ouvrir le débat attendu. Là-dessus, des conciliabules : ah ! le gouvernement était pressé ? on allait donc marcher très vite. Et, coup sur coup, au galop, les budgets de quatre ministères étaient adoptés sans observation. Adoptés, oui, mais avec un nombre non négligeable et croissant de bulletins « contre, » comme si l’on voulait rassembler, entraîner et tenir en haleine une opposition que les derniers scrutins, en énorme majorité favorables au gouvernement, n’avaient encore jamais permis de dégager. Le rapport étant prêt, le rendez-vous fut avancé au samedi 10 juin. Ce jour-là, dès le début de la séance, le président du Conseil prit la parole. Il rappela, d’un trait bref, l’œuvre qu’il avait accomplie, dit, simplement et noblement, en face de quels devoirs et de quelles difficultés il se trouvait : « Nous devons avoir et,