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L’UNIVERSITÉ DE FRANCE
ET
LA GUERRE

L’Université, elle aussi, a « tenu. » Elle a offert d’abord le plus généreux et le plus pur de son sang, mais, pendant qu’il coulait, quels que fussent les deuils, quels que fussent les soucis, elle a tout de même continué sa tâche ordinaire. Le ministre de l’Instruction publique d’Angleterre, Henderson, disait récemment de l’éducation et de la guerre (et personne en Angleterre du moins, ni en France, ne le contredira) que ce sont deux genres d’activité diamétralement opposés. « L’éducation construit et la guerre détruit. » « Mais il vient un moment, ajoutait-il, où l’homme qui construit doit abandonner son ouvrage pour lutter contre le danger qui menace sa construction même. » Ainsi professeurs et instituteurs, chez nous, ont abandonné pour d’autres devoirs lycées et écoles. Eux partis, la besogne a été faite cependant. Comment, depuis bientôt deux ans, dans l’Université, on a su mourir, comment elle-même a su vivre, c’est ce que nous voudrions raconter.


L’ÉCOLE NORMALE

La dispense du service militaire, qui fut autrefois le privilège des universitaires, comme des ecclésiastiques, avait, depuis quelque temps, pris lin. Et, avant qu’elle prît fin, en 1870, des normaliens, par exemple, s’étaient courageusement conduits.