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effets cherchés d’éloquence. Lorsque, à King’s College, à Londres, lord Reay, qui fut durant tant d’années le président de l’Association franco-écossaise et qui est l’un des meilleurs amis de la France, insistait sur la nécessité d’une collaboration étroite entre les universités des deux pays ; lorsque, au ministère de l’Instruction publique, le ministre, M. Henderson, appelait de ses vœux le renforcement de ces liens intellectuels nécessaires à l’amitié durable des deux pays ; lorsque, dans vingt conversations particulières, se recherchaient les modalités de ces rapports futurs, si importans en particulier dans l’ordre des choses économiques et scientifiques, un même accent de sincérité profonde sonnait dans toutes ces paroles, comme il sonnait dans l’admiration, souvent exprimée en termes émouvans, qu’inspirait en Angleterre la magnifique bravoure des soldats de Verdun. Ce n’est point ici le lieu de rechercher quelles formes pourra prendre cette collaboration future, dans quelle mesure, par exemple, l’échange des professeurs et des étudians pourra servir à l’échange des idées et à la connaissance réciproque, plus exacte, plus intime, des deux pays. Mais on peut affirmer dès maintenant que, de ces échanges, l’Angleterre comme la France tireront un égal avantage, et qu’ici encore, dans l’œuvre civilisatrice poursuivie en commun par nos deux pays, un rôle capital appartiendra à ces universités, dont la guerre actuelle a montré quel puissant moyen d’action elles représentent.


« Nous avons, disait le vice-chancelier de l’Université de Sheffield, une tâche à accomplir aux yeux de la postérité. » Malgré toutes les difficultés, tous les obstacles, toutes les angoisses, toutes les pertes, cette tâche sera accomplie. Il y a, dans ce pays d’Angleterre, des réserves de courage calme, de ténacité inébranlable, d’endurance stoïque, de froide énergie, qui créent la certitude tout ensemble de la lutte implacable et de la victoire finale. Dans les universités comme partout, ces hautes qualités morales apparaissent, et je n’en veux pour preuve qu’un souvenir par où je voudrais terminer.

C’était au lendemain de la bataille navale du Jutland, au lendemain de ce communiqué, d’une si fière franchise, où l’Amirauté, sans réticences, avait appris au pays les lourdes