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LA CORRESPONDANCE DE M. THIERS[1]
PENDANT LA GUERRE DE 1870-1871
LETTRES INÉDITES DE THIERS, MIGNET, DUC DE BROGLIE, DUVERGIER DE HAURANNE, ETC.

Nous poursuivons le choix de documens que nous puisons dans la correspondance de M. Thiers : les lettres que nous donnons dans cette seconde partie vont jusqu’au moment où l’Assemblée nationale, réunie à Bordeaux, ayant accepté les préliminaires de la paix, décide de se transporter à Versailles, — début de mars 1871.

Après la capitulation de Bazaine à Metz et pendant que le gouvernement de la Défense nationale fait des efforts, hélas ! infructueux, pour venir au secours de Paris assiégé, la capitale tente, également en vain, de se dégager, par des sorties, de l’étreinte des Allemands. MM. Duvergier de Hauranne et Mignet écrivent à M. Thiers pour lui faire part des sentimens des populations au milieu desquelles ils se trouvent : l’un, à l’arrière, signale le trouble des esprits, le doute, le manque d’union ; l’autre, à Paris, avec les combattans, dit son admiration pour la constance, la fermeté d’âme des Parisiens devant le bombardement, commencé le 5 janvier 1871, et qu’il décrit.


M. Duvergier de Hauranne à M. Thiers.

Herry (Cher), 1er janvier 1871.

Mon cher ami,

Depuis votre voyage à Versailles, je me suis abstenu de vous écrire, d’abord parce que je craignais que ma lettre ne tombât dans d’autres mains que les vôtres, ensuite parce que mon esprit était dans une telle confusion que je n’aurais su que vous dire. D’un côté, je désirais une Assemblée ; de l’autre, j’en

  1. Voyez la Revue du 15 juin.