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diriez-vous d’une conduite intermédiaire, qui consisterait à rappeler que notre absence a été due à des circonstances douloureuses dont le monde a connaissance, que nous aurions pu y persévérer, n’ayant pas pris part aux premières délibérations, et ne voyant pas bien les motifs de changer un état de choses qui nous paraissait conforme à l’intérêt commun, mais que nous ne voulons nous refuser à rien de ce qui peut rétablir en Europe la bonne harmonie entre les États ; saisissant d’ailleurs avec empressement l’occasion d’affirmer le principe tutélaire de la société européenne, à savoir qu’aucune altération ne doit être apportée aux relations réciproques du gouvernement, sans le concours de toutes les grandes Puissances, principe auquel trop de funestes dérogations ont été apportées dans ces dernières années ? Bien entendu, ce n’est que le fond et pas la forme qui est à trouver.

Un mot aussi sur ce point : et puis laissez-moi vous dire combien j’ai été avec vous de cœur, d’affection et d’admiration pendant les horribles journées que vous venez de traverser. Vous avez été grand jusqu’à l’héroïsme. Recevez mes plus dévoués hommages.

BROGLIE.


M. Jules Favre au même.

3 mars 1871.

Mon bien cher Président et excellent ami,

Je vous demande pardon de vous désoler par la pluie de mes télégrammes ; vous me le pardonnerez en vous rendant compte de notre situation et de nos devoirs dont personne n’est meilleur juge que vous. Nous avons échappé à tant de dangers, réalisé tant d’impossibilités, qu’il serait cruel de sombrer, quand nous paraissons avoir dominé les difficultés les plus considérables. Celles que nous avons à vaincre sont immenses, et nous ne devons pas être une minute sans y songer. Les hommes qui ont l’honneur insigne de servir leur pays ont l’obligation de se donner sans réserve, surtout quand une défaillance, un retard, peuvent être mortels.

Si Paris ne s’est pas abîmé dans l’anarchie, c’est que vraiment il s’est tenu tout seul et il en a profité vraiment pour se fort mai conduire. Il est indispensable de lui donner un