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pangermaniste ne sont pas moins bien pourvus et outillés que ceux de l’artillerie.

Chacun, parmi les plus renommés, a son rôle, — chargé tour à tour d’un plaidoyer ou d’un réquisitoire. Celui-ci cherchera dans les vieilles polémiques de nos journaux et de nos partis tout ce qui peut avilir la France « jugée par les Français » — et il nous faut bien avouer qu’il n’a que l’embarras du choix — jusqu’au jour où la France prend elle-même la parole, répond par l’action et n’a qu’à se montrer telle qu’elle est pour confondre, du même coup, tous ses calomniateurs ; tel autre, M. Paul Clemen par exemple, s’acharnera à « prouver » que rien, dans les dévastations de cette guerre, n’est arrivé que par notre faute à nous, Belges ou Français, que les ruines de Louvain, de Malines, de Reims, de Soissons, nous en sommes seuls responsables et coupables (et c’est ainsi qu’un von Bissing rappellera le grand cardinal Mercier au « respect des traités internationaux ! ») Celui-là ira chercher dans lord Byron des argumens contre la politique anglaise ou bien définira, pour ses compatriotes, les raisons et le but de la « Guerre Sainte. » Successivement adaptés à toutes les parties du monde, les thèmes du pangermanisme sont ainsi, des Amériques aux Balkans, exposés, colportés, développés, tantôt sur le mode lyrique, tantôt et plus souvent sous la forme didactique des Vorlesungen de leurs universités où ils furent élaborés. Jamais entreprise mieux concertée ne fut montée contre la simple vérité.

Le professeur Schmid a dû, pour sa part, traiter des Beaux-arts et du germanisme (Deutschtum und bildende Kunst). A vrai dire, il y a plus encore que « germanisme » dans ce mot redoutable et mystique. Deutschtum, c’est la synthèse de toutes les forces profondes et complexes, de toutes les aspirations, de toutes les capacités et rapacités, de tous les rêves de proie et d’orgueil de la race, depuis que le vieux Dieu complice la créa, par un décret et avec privilège spécial, pour dominer et rançonner le monde… Donc, avec une application tranquille et insinuante, le professeur Schmid, — après avoir rappelé et réfuté sommairement la vieille thèse d’un « art international, » indifférent ou supérieur aux frontières, — a entrepris d’expliquer aux très honorés bourgeois et bourgeoises de la Wenderstrasse, immortalisés déjà par Henri Heine au début des Reisebilder,