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les bras presque partout des préfets détestables, choisis après le 4 septembre, veuille en être délivrée. Elle ne veut pas imposer les remplaçans, mais elle veut être délivrée des occupans actuels. Or, pour vous rendre Picard, il a fallu lui imposer de nouveaux retards qui l’indisposent visiblement. Vous êtes plus sévère pour nous que vous ne l’étiez pour la délégation de Tours et de Bordeaux. Du reste, la vraie cause du mal est dans la coupure du gouvernement en deux parts, placées à 150 lieues l’une de l’autre : cela va cesser. Nous allons demander la translation, et nous l’obtiendrons, mais pour Fontainebleau et non pour Versailles, tout plein encore de l’infection prussienne et du typhus.

A Fontainebleau, tous les ministres pourront choisir leur résidence, ou à Fontainebleau (le château pouvant loger tout le monde), ou à Paris, dans leurs hôtels. En une heure, nous pourrons nous rejoindre, et les affaires se feront peu à peu aussi facilement qu’à Paris, et d’ailleurs, je suis sûr que ce ne sera pas long. Le jour de notre arrivée à Fontainebleau, j’irai vous rejoindre à Paris, vider les questions qui auraient besoin d’être vidées. Il en restera bien peu au surplus…

Ne soyez donc pas si méchant, mon cher ami. Votre vivacité me peine et ajoute à toutes mes tribulations. Je me couche à minuit, je me lève à quatre heures, et je n’ai pas un seul, un seul instant de repos… Adieu, je vous aime bien sincèrement. A vous de cœur.

THIERS.

P.-S. — Je ne suis pas d’avis qu’on prenne l’offensive avec l’émeute. Avec une grande force militaire dans la main, une forte attitude et un peu de patience, on a grand’chance d’en finir sans bataille. S’il le faut, on la livrera, mais alors vigoureusement.


Le même à M. Rouland.

Bordeaux, 5 mars 1871.

Mon cher Rouland,

J’ai reçu votre lettre, et je vous en remercie. M. Pouyer-Quertier est resté ici pour prendre quelque connaissance des faits qui se sont accomplis en province pendant le Siège et qui