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de la part de la Grande-Bretagne, mais que, pour dire oui ou non, il faudrait en savoir davantage.

Quant à notre plan, il serait difficile de vous l’exposer en cet instant ; mais il est certain que nous ferons cette année même un appel au crédit. Il sera diminué de tout ce que l’Angleterre nous procurerait et comme nous paierons 6 pour 100 au taux actuel de la rente française et que l’Angleterre paiera tout au plus 3 1/4, le bénéfice serait grand pour nous. Je m’expliquerai plus amplement demain. Quant au traité de commerce, je ne veux pas le dénoncer, ni le rompre, mais je demanderai à relever un peu les tarifs, certains surtout, d’accord avec le Cabinet anglais. J’en ai déjà parlé à lord Lyons. Quant à l’attitude envers le ministre de Prusse, elle doit être polie, mais digne et un peu froide, sans raideur. La paix est rétablie, donc il ne faut pas avoir l’air d’être encore en guerre.


Le même au général Suzanne, délégué du ministre de la Guerre à Paris.

Bordeaux, 7 mars 1871r

Mon cher général Suzanne,

Je vous écris en courant quelques mots, bien courts, mais indispensables. Nous viendrons à bout du désordre avec un suffisant mélange de prudence et de force. Si on vous attaque, soyez prompt et vigoureux et écrasez les misérables qui veulent faire succéder la guerre civile à la guerre étrangère. Si vous n’êtes pas provoqué, attendez l’effet moral des concentrations de forces sur les fauteurs de désordre. Il faut avoir l’œil sur la Banque et ce serait l’un des désordres qu’il ne faudrait souffrir à aucun prix. J’espère que vous allez recevoir 30 000 hommes. La Chambre en se transportant à Versailles (point à peu près gagné) nous en amènera de 10 000 à 11 000. Avec ce que vous avez, ce sera un total de 60 000 hommes que nous porterons, avec quelques détachemens choisis pour leur qualité, à 70 000. Le nombre y sera donc. Restera l’esprit des troupes. C’est là ce qui m’occupe tout particulièrement. La fidélité des troupes est notre principale affaire et doit être l’objet de tous nos soins. Je vous supplie, le général Vinoy et vous, de les voir de vos propres yeux, de bien rechercher la qualité des officiers, de vous assurer de leurs dispositions, d’opérer tout de suite les