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LE SOUS-MARIN ALLEMAND DE BALTIMORE

Au commencement du mois dernier, le 9 juillet, des télégrammes d’Amérique annonçaient au monde entier qu’un grand sous-marin allemand, le Deutschland, venait d’arriver à Norfolk et, de là, se rendait à Baltimore. Ce sous-marin se donnait pour un navire de commerce. Il apportait une cargaison, — des substances tinctoriales, — et se proposait d’en emporter une autre, composée surtout de caoutchouc, de nickel, peut-être de métaux rares, en un mot de matières ayant une grande valeur sous un poids relativement faible et entraînant peu d’encombrement.

La question se posait aussitôt : quelle créance pouvait-on accorder à ces allégations ? Ne se trouvait-on pas en face d’une nouvelle fourberie de l’Allemagne et ce prétendu navire de commerce n’était-il pas ce qu’avait toujours été jusqu’ici le sous-marin, ce qu’il semblait devoir être toujours, un engin de guerre ? Quel traitement convenait-il donc de lui appliquer ? Fallait-il l’inviter à quitter les eaux américaines dans les vingt-quatre heures, comme tout navire belligérant ; ou bien devait-on, l’acceptant comme navire de commerce, l’autoriser à séjourner à Baltimore et à s’y livrer en pleine liberté à ses opérations de trafic ?

Ces préoccupations n’étaient pas les seules qui agitassent les esprits des Américains et de leur gouvernement. Le jour où le Deutschland était apparu dans l’ancien port virginien des Sudistes, un problème s’était trouvé résolu brusquement qui, depuis le commencement de la grande guerre, depuis surtout le développement des opérations sous-marines à la mode