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En somme, en tenant compte de tous les élémens évaluables avec une certaine approximation, on arrive à cette conclusion que le Deutschland, s’il pèse en tout 2 000 tonnes, peut en consacrer 700, au moins, à son chargement. Répétons-le, si nos adversaires réussissaient à organiser un service régulier — bi-mensuel, par exemple — de transport entre l’Amérique et l’Allemagne avec des bâtimens de ce type, ils auraient résolu un problème fort intéressant au point de vue de leurs industries de guerre et de leur armement.

Oui, mais un service régulier ! Comment y songer quand on n’est même pas assuré que le Deutschlandv — qui laisse, au moment où j’écris, les bords de la Chesapeake, — atteindra jamais ceux de la Weser ou de l’Elbe ! Et s’il y arrive, à quelle époque sera-ce ? Il a mis vingt-sept jours à faire son voyage d’aller, quand l’attention n’était pas encore attirée sur lui et que nul croiseur ne pensait à le rechercher.

Mais aujourd’hui !… On a vu de quelles précautions le capitaine Kœnig s’entoure pour franchir même les eaux territoriales américaines où, déjà, il aperçoit des mines, des filets, des pièges de tout genre. Et ceci m’entraînerait, si je pouvais penser à entreprendre une telle étude, à exposer les moyens d’action des marins alliés contre les submersibles, en général, et contre le Deutschland en particulier. Il n’y faut pas songer. Je rappellerai seulement deux faits qui peuvent servir de base à l’établissement de mesures rationnelles pour la capture des bâtimens de ce type. Le premier, c’est que leur rayon d’action en plongée est, comme je le disais tout à l’heure, nécessairement réduit, malgré tous les progrès que l’on a pu faire en ce qui touche le poids des moteurs et celui de l’approvisionnement de combustible qui leur est réservé. Si ce rayon d’action ou, qu’on remarque bien ceci, l’intervalle qui sépare deux émersions consécutives est à peu près connu, on sent quel parti peuvent tirer de ce renseignement des chasseurs avisés, pourvu qu’ils soient assez nombreux pour battre l’estrade sur les divers secteurs de cercles ayant pour centre commun le point bien constaté où s’est produite la dernière plongée.

Le second fait est que ces très grands submersibles, — j’ai eu déjà l’occasion de le dire ici même, — ne peuvent prendre leur plongée et naviguer avec quelque sécurité dans cette situation que pur des fonds assez élevés. Il leur faut « de l’eau sous