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LES
FEMMES ET LA GUERRE


I. — EN FRANCE

Lorsque des cataclysmes plongent une nation dans le deuil, des vaillances et des vertus insoupçonnées se révèlent presque aussitôt. C’est ainsi qu’aux atrocités allemandes a correspondu en France et chez les Alliés, le plus superbe élan de dévouement. Une vague de charité a passé sur le monde, et ce sera, pour ne parler ici que des femmes, une merveilleuse histoire à écrire que celle des initiatives et des ingéniosités de leur bienfaisance durant la guerre.

Dans le premier élan, on peut dire que, d’un bout de la France à l’autre, toutes les femmes se découvrirent des aptitudes d’infirmières. Les bonnes volontés se révélèrent si nombreuses qu’on se vit dans la nécessité d’en décourager beaucoup, qui restèrent sans emploi. La sollicitude féminine se tourna alors du côté des non-combattans. Ne fallait-il pas aussi pourvoir a d’autres misères, songer aux pauvres gens exposés à mourir de faim, aider les mères et les enfans dans les cantines maternelles ? L’assistance par le travail se développa. Il se fonda de nombreux ouvroirs. Dans les uns, les ouvrières étaient payées [1] ; les autres, ouvroirs privés, étaient fréquentés par des femmes du monde et soutenus par elles. C’est par centaines de mille qu’ont été confectionnés les vareuses, les chemises,

  1. A Paris seulement, on en compte 515.