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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




L’un après l’autre, de la mer du Nord au Dniester, et de Dixmude à Cavalla, tous les secteurs du front de bataille sont entrés en activité ; peu à peu ils se mettent à agir l’un avec l’autre ; et ainsi s’affirme, en même temps que leur unité, la netteté du dessein militaire qui, de la part des Alliés, consiste à exercer sur l’ennemi, partout à la fois ou en divers points tour à tour, une continuelle et croissante pression. Une « pression, » le mot et l’image sont d’une parfaite justesse. Ici et là, les Empires du Centre et leurs séides turc et bulgare sont saisis et tenus à la gorge ; tantôt c’est le pouce qui entre davantage, et tantôt c’est l’index ; mais toujours, et de plus en plus fort, la main serre bien tout entière. En Picardie, sur les deux rives de la Somme, l’offensive anglo-française se poursuit et se déroule lentement. La lutte tourne, en quelque sorte, autour de Combles, dans la région au Sud-Ouest de Bapaume, au Nord-Ouest de Péronne, où s’élèvent, où s’élevaient plutôt, les villages, aux noms désormais fameux, de Martinpuich, Gourcelette, Pozières, Ovillers, la Boisselle, Fricourt, Mametz, Curlu, Hem. Les derniers pas de l’armée britannique ont couvert une ligne de dix-huit kilomètres, de Thiepval à Guillemont, et les derniers pas de l’armée française, une ligne un peu plus courte, de Maurepas à Cléry. En profondeur, l’avance varie selon les difficultés du terrain et la puissance des organisations défensives Mais les effets d’une action ne se mesurent pas uniquement à la surface occupée. Derrière les résultats matériels, dès à présent acquis, apparaissent des possibilités et des promesses qui sont déjà, elles aussi, des résultats. Il ne faut pas l’oublier : l’armée anglaise de plusieurs millions d’hommes, — la grande armée de lord Kitchener, — est une armée toute neuve, qui avait à faire son apprentissage de la guerre. Elle l’a fait avec un entrain, un éclat, un bonheur, qui n’ont jamais été surpassés. Tels de ses coups d’essai ont été des coups de