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dans le bois de Leuze, les troupes britanniques circonviennent du côté Nord-Ouest, — tandis que, par notre propre avance entre le Forest et Bouchavesnes, nous l’enserrons du côté du Sud, — ce bourg de Combles dont le commandement allemand, infatigable remueur de terre, a fait, paraît-il, une vraie forteresse. Simultanément nous avons prononcé et soutenu une offensive vigoureuse, sur une ligne d’une vingtaine de kilomètres, qui descend en diagonale de Cléry-sur-Somme, au Nord-Ouest de Péronne, jusqu’à Chilly, au Sud-Ouest de Chaulnes, en passant par ou près de Barleux, Belloy et Berny-en-Santerre, Deniécourt, Soyécourt, les alentours de Vermandovillers. A Ommiécourt-les-Cléry, s’emboîtent et s’articulent les deux moitiés de cette ligne, au Nord et au Sud de la Somme. De la fin de juin à la fin d’août, sur une longueur à peu près double, figurant fort exactement un arc, au sommet duquel, à Cléry, la rivière de Somme creuserait son encoche, c’est-à-dire sur une longueur d’une quarantaine de kilomètres, le terrain gagné peut mesurer en profondeur six à sept kilomètres par endroits, avec deux pointes où se rétrécissent et presque s’aiguisent ses extrémités ; — soit une profondeur de quatre à cinq kilomètres en moyenne. Mais, si peu négligeables que soient, même pour leur valeur actuelle, réelle et positive, ces résultats matériels de l’action franco -britannique sur la Somme, les conséquences morales en sont plus considérables encore, et, quoi qu’elle nous ait dès maintenant donné, elle nous promet bien davantage.

Avant toute chose, elle affirme aux Allemands, d’une manière telle qu’ils ne doivent plus et ne puissent plus en douter, notre volonté d’exercer sur eux une pression lente, mais constante et croissante, qui ne cesserait d’aller en s’étendant à la fois et en se renforçant, en s’appesantissant : résolution que nous n’avons jamais cachée, que nous avons au contraire proclamée, mais à laquelle l’état-major impérial, infatué de ses méthodes de guerre au point de se persuader que personne n’en saurait inventer ni employer d’autres, s’est toujours refusé à croire. A présent, ses communiqués sont obligés de le reconnaître : « La grande bataille de la Somme continue. » Mais, pas plus tard que l’autre semaine, ils affirmaient qu’elle était finie, que l’offensive anglo-française était brisée, et que, sauf quelques profits locaux, au total insignifians, elle n’avait été pour nous, — c’était le mot en faveur, — qu’un fiasco, qui ne nous laissait que déception et découragement. Les critiques militaires, le général von Blume, le colonel Medicus, le major Moraht et leurs émules renchérissaient à qui mieux mieux. La Gazette de l’Allemagne du Nord, —