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en leur volonté que le Roi soit constitutionnel ou ne soit pas.

Si le roi Constantin n’est pas ou n’est plus constitutionnel dans ses discours, dans ses allures, et comme dans ses manières, il ne l’est pas davantage, il l’est bien moins encore dans sa conduite politique. Ne pouvant se passer absolument de ministère, il n’accepte ou ne tolère que la plus petite quantité possible de Conseil des ministres, et surtout de président du Conseil des ministres : la camarilla, auprès de lui, remplace le Cabinet, ainsi que la flatterie travestit l’opinion et que la coterie masque la patrie. Il va de la sorte d’un Scouloudis à un Calogeropoulos par un Dimitracopoulos : M. Zaïmis, malgré sa modération, est encore trop fort et trop indépendant pour lui ; il tombe, d’un ministère dit d’affaires, à un ministère extra-parlementaire ; après quoi, il ne reste rien. Parce qu’il ne veut pas faire la seule politique que le pays veuille suivre, avant le ministère extra-parlementaire, à la dernière marche qui précède le vide et l’abîme, il n’a déjà que des ministères anti-parlementaires, lesquels ne représentent même plus la majorité d’une Chambre qui ne représente que le tiers des électeurs. La nation n’est donc plus ni dans les Chambres, ni dans le gouvernement, elle n’est donc plus avec le Roi. Elle est, militairement, dans les corps de volontaires, qui s’organisent pour réparer les défaillances de l’armée régulière ; politiquement, dans les comités de protestation, qui, de toutes les îles de l’Archipel et de presque toutes les provinces de la Grèce continentale, s’associent pour suppléer à la carence du gouvernement légal. Ainsi la nation est d’un côté, et le Roi de l’autre.

Ce sont choses de Grèce, nous voulons dire : Ce sont affaires des Grecs entre eux. Il parait que, M. Dimitracopoulos ayant renoncé à former une compagnie d’hommes plus ou moins politiques que l’on eût décorée de l’étiquette de ministère, M. Calogeropoulos s’en est chargé et qu’il a réussi. Peut-être est-ce bien, et peut-être le contraire n’eût-il pas été plus mal ; au vrai, cela nous est indifférent. Nous ne connaissons pas plus M. Calogeropoulos que nous n’aurions connu M. Dimitracopoulos. Nous n’avons pas à les connaître. Nous ne faisons le jeu ni contre le roi Constantin, ni pour M. Venizelos, qui est de taille à le mener tout seul, et qui voit mieux que nous les limites de ce qu’il peut et de ce qu’il veut, qui sait pourquoi il part, avec qui, où il va. Pour nous, nous savons seulement que nous avons dans la Macédoine une armée dont la base est à Salonique ; que cette base doit être stable et sûre ; que notre armée ne doit avoir ni à se garder, ni même à regarder derrière elle. Et nous nous permettons de penser que, si quarante vaisseaux alliés croisent devant le Pirée,