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plus agréable sera de t’y voir. L’Empereur m’en a donné l’espérance dans une de ses lettres. Tu connais ma tendresse pour toi, mon cher fils, et tu dois sentir combien je serais heureuse de voir se réaliser cette espérance. J’ai reçu de M. de Talleyrand, il y a peu de jours, une lettre dont j’ai été enchantée. Il me mande que l’Empereur lui a dit en parlant de toi : C’est étonnant les progrès que ce jeune homme fait tous les jours. Il est déjà plus capable de gouverner que Le Brun. Comme M. de Talleyrand me parlait dans cette même lettre d’un mariage auquel il s’intéresse ainsi que toi et qu’il croit devoir se réaliser, je lui avais promis de brûler sa lettre et je lui ai tenu parole. Mais une phrase comme celle que je viens de te dire ne s’oublie pas et je puis bien dire qu’elle ne te gâtera pas, mais qu’elle te fera autant de plaisir qu’à moi. Adieu, mon cher fils, mon cher Eugène, je t’embrasse bien tendrement.

« J’ai vu ici le prince électoral de Bavière. Il m’a beaucoup parlé de toi, de l’attachement qu’il t’avait voué. Il m’a prié, lorsque je t’écrirai, de te dire combien il t’aimait et combien il était heureux d’avoir fait ta connaissance.

« Je reçois à l’instant une lettre de l’Empereur. Il était à Linz [1]. Il me mande que, d’ici à cinq ou six jours, il se passerait bien des choses. Les avant-postes n’étaient qu’à dix lieues de Vienne. »


Le 25 brumaire (16 novembre), l’Empereur écrit de Vienne [2] : « J’écris à M. d’Harville pour que tu partes et que tu te rendes à Bade, de là à Stuttgart, et de là à Munich. Tu donneras, à Stuttgart, la corbeille à la princesse Paul [3]. Il suffit qu’il y en ait pour quinze à vingt mille francs ; le reste sera pour faire des présens, à Munich, aux filles de l’Electeur de Bavière. Tout ce que tu as su par Mme de Serent est définitivement arrangé. Porte de quoi faire des présens aux dames et

  1. Du 13 au 18 brumaire. Vienne est pris le 22. L’Empereur arrive à Schœnbrunn dans la nuit du 22 au 23.
  2. Omise dans la Correspondance de Napoléon.
  3. Au mariage de laquelle l’Empereur a assisté, à Ludwigsburg, le 13 vendémiaire : « J’ai assisté à une noce du fils de l’Électeur avec une nièce du Roi de Prusse. Je désire donner une corbeille de trente-six à quarante mille francs. Fais-la faire et envoie-la par un de mes chambellans à la nouvelle princesse quand ces chambellans viendront me rejoindre. Il faut que ce soit fait sur-le-champ. » (Omise dans la Correspondance de Napoléon.)