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Le temps passe vite, aux heures torrentielles où nous vivons. Mais ces heures sont bien remplies et l’aiguillon de la nécessité immédiate est un puissant éducateur. La chirurgie de guerre s’est vite adaptée aux fonctions nécessaires qu’elle ignorait avant la guerre, et d’immenses progrès ont été réalisés sous tous les rapports, aussi bien dans l’organisation générale que dans le matériel et les doctrines chirurgicales. Et puis l’expérience est venue, et beaucoup de médecins du front ou de l’arrière que leurs études antérieures et leurs occupations professionnelles ordinaires n’avaient pas particulièrement dirigés vers la chirurgie, sont devenus, par suite des nécessités de la guerre, des hommes de grande valeur et pour lesquels la désinfection des plaies de guerre ou le traitement des fractures n’a plus de secrets.

Il est certain que les blessés qui sont aujourd’hui évacués vers l’arrière nous parviennent dans des conditions infiniment meilleures que par le passé. Meilleures par la façon dont leurs blessures ont été traitées, explorées, drainées et nettoyées, par l’application souvent parfaite d’appareils compliqués, inconnus de tous au début de la guerre, par la conduite tenue dans les plaies du crâne, qui ont été nettoyées et au besoin trépanées, dans les plaies articulaires, souvent très graves, dans les plaies de l’abdomen, souvent opérées maintenant dans des conditions convenables et fréquemment suivies de guérison, par l’ensemble enfin des opérations immédiates qui se pratiquent sur le front et qui ont pour but de parer aux premiers accidens possibles, dont les plus fréquens et les plus redoutables sont les accidens d’infection.

Les méthodes d’évacuation se sont aussi transformées peu à peu, le nombre des automobiles s’est accru dans de grandes proportions. Un grand nombre circulent aujourd’hui entre la ligne de feu et les ambulances situées à quelque kilomètres en arrière. De nombreux trains sanitaires ont été aménagés dans des conditions satisfaisantes et souvent presque parfaites comme dispositions, ressources médicales, régularité de fonctionnement et rapidité. Le service des gares régulatrices et des hôpitaux d’évacuation s’est également perfectionné peu à peu et adapté au travail intensif qu’on leur demande bien souvent.