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paralysies, de fractures vicieusement consolidées, défigurés par des cicatrices affreuses, borgnes, aveugles, aveugles surtout, qui sont les pires victimes de l’affreuse hécatombe ! Mais combien de blessés sont retournés au front, blessés légers, blessés graves souvent, guéris d’une façon parfaite et qui, il faut le dire bien haut, seraient presque tous morts s’ils n’avaient trouvé, quelque part sur leur route, celui qui les a guéris, et dont les soins souvent insignifians en apparence ont, dans des cas innombrables, même chez des blessés légers, barré la route à l’infection et à la mort.

Ceux-là se comptent peut-être par centaines de mille. Le service de santé, quelles qu’aient été, à son début, ses imperfections et ses fautes, a sauvé des armées entières, et à cette heure où les fautes ont été corrigées et où nous sentons venir la victoire, détournons nos yeux de ceux qui sont responsables de ces erreurs. Ce n’est pas en arrière, c’est en avant qu’il faut regarder aujourd’hui. Et quand l’heure sera venue du triomphe et de l’allégresse, quand les soldats de la Grande Guerre seront rentrés derrière nos drapeaux victorieux, sous les acclamations de la multitude, alors de grands jours se lèveront pour la France régénérée ! Ce sera notre joie, ce sera notre orgueil pendant les jours qui nous restent à vivre que d’avoir, dans ces temps d’épreuves surhumaines, contribué de toutes nos forces à cette victoire éblouissante dont le brouillard de sang qui couvre l’horizon ne saurait nous cacher la marche irrésistible, et travaillé de toute notre âme à l’œuvre magnifique de la libération du monde.


J.-L. FAURE.